SUITE D'UN REPAS ET ENCORE DES SOUVENIRS












Ceux qui ont parcouru

mon billet précédent

seront restés sur leur faim: 

trois petites tranches

de Serrano et c'est tout.












Bien sûr que non. La côte de boeuf, une génisse poussée du côté du lac des Bouillouses, là où l'eau finit par alimenter la source de l'Aude - qui débute vraiment dans celui de Matemale - est croisée limousin et avait pas mal d'affinage. Quant aux frites, il  a fallu tout le savoir-faire flamand pour transformer des Agathe nouvelles (et humides) en quelque chose de croustillant. Le prix à payer fut un "roussissement" un peu intense. Moi, je les aime dorées. Mais aucune bintje à se mettre dans le panier à provisions à des kilomètres à la ronde. On a fait contre mauvais tubercule bonne chère et hop, jusqu'en bas.


J'étais un habitué de la Colline du Télégraphe du temps d'Henri de Saint-Victor. Il me recevait toujours très aimablement et me donnait plein de renseignements sur l'histoire de son domaine, la géologie environnante et ses parcelles en fermage. Pourtant, et je dois être une rareté, je n'ai jamais pénétré dans la partie privée du beau bâtiment de La Cadière alors qu'on y recevait fort libéralement. Je crois qu'il avait compris que mon estime (haute) pour sa production n'en serait pas influencée et que j'aurais du mal à me tenir à l'étiquette protocolaire "convenable". 


Un vendredi soir, dans une salle des fêtes quelque part sur l'aire d'appellation (je crois que c'était à Sanary), Eric de Saint-Victor s'est retrouvé à ma table lors de la soirée prout-prout qui précède traditionnellement la Fête du Millésime, à laquelle je participais souvent. Je pense pouvoir me vanter, dans les années '90, d'avoir été une des personnes étrangères au Bandol qu'on y connaissait le mieux, et qui, en contrepartie, connaissait aussi très bien les coins et recoins non seulement des caves, mais également des parcelles de vignes. La tablée comportait 10 ou 12 personnes, dont le maire du Plan-du-Castellet. Son adjoint lui a présenté les convives: officiels de la république, notables locaux, gens de la presse. A l'opposé de la table, le dauphin de Pibarnon, déjà très impliqué dans le fonctionnement de l'exploitation, et votre serviteur, eurent droit à un rapide: "Ces deux-là, je ne sais pas, ça doit être des vignerons"! 


Eric possède, je crois, la double formation: marketing et oenologie, un peu comme Jean-Louis Chave (le petit-fils de l'autre) et il a beaucoup voyagé. S'il ne ne fumait pas - à l'époque - il aurait été encore plus captivant à écouter que son père. Il a imprimé un style un peu plus soft aux vins de Pibarnon, qui plaisaient déjà beaucoup au grand public avant cela, les rendant prêts à boire plus vite que les 1982, 1985, 1988 et consorts. En outre, certains apports habituels du bas de la Cadière, comme ceux qui ont ensuite constitué l'essentiel du Gros Noré si je ne me trompe pas, n'ont plus corsé ses assemblages.


C'est donc en le croyant à point que j'ai débouché un 1995 hier. Je ne me suis pas trompé: robe évoluée, un léger trouble (je m'en moque), nez bien ouvert et bouche TRES soyeuse, sans amertume en finale. Ce sont même ces tannins qui constituent l'attrait principal de la bouteille: en voilà du mourvèdre qu'il est bon !. Pour être franc, une petite pointe animale parasitait le bouquet. Le cépage varois peut parfois générer cela, mais je pense que, comme souvent en Bandolie, la présence de "germes d'altération" - comme on dit prudemment - en est responsable. Rien de rédhibitoire mais cela enlève un peu de pureté à l'ensemble.


Il faudra quand même que je repointe le nez par là un de ces jours.



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Comments: 1
  • #1

    Thysebaert (Saturday, 15 August 2015)

    Niam, on attend le dessert !