NIAUX, LE RETOUR

Carla, Yves et Christine devant la - fausse - entrée du réseau karstique
Carla, Yves et Christine devant la - fausse - entrée du réseau karstique












Notre troisième visite aux artistes (?)

du Magdalénien se solde par

un voyage enchanteur sous le calcaire,

sans faire demi-tour à mi-chemin.

Qu'ont-ils voulu nous dire? 














La civilisation ariégeoise au moment où les peintures rupestres de la grotte de Niaux ont été réalisées, sur une période de mille ans (13.900 à 12.900 avant notre époque), était composée de peuples nomades, un peu pêcheurs (truite et saumon) profitant de la période de fraie pour réaliser leurs captures, un peu chasseurs à la poursuite des troupeaux et un peu cueilleurs. Ils passaient fréquemment aux mêmes endroits vers la même époque de l'année, mais ne vivaient pas au fond des grottes. Ils cherchaient toutefois un abri à leur entrée en cas d'intempérie sévère.


L'Ariège possède un réseau karstique important, infiltrant son massif généralement calcaire en de nombreux endroits. Depuis la nuit des temps, l'homme a découvert les entrées de ces tunnels. Pour ce qui concerne Niaux, les visiteurs de l'ère moderne n'empruntent toutefois pas un accès naturel. On a réalisé un sas d'entrée permettant à des adultes de pénétrer plus facilement que par l'étroit boyau de jadis - dont on aperçoit l'issue intérieure au début de la visite guidée - et assurant grâce à une paire de portes étanches qu'aucun courant d'air intempestif ne vienne troubler l'atmosphère en équilibre précaire de cet éco-système.


Il est certain que de nombeux autres touristes avant nous ont eu connaissance de l'existence des représentations animalières, et des centaines de graffitis "ornent" les parois, témoins de leur passage. On a identifié avec certitude des inscriptions datant de 1602 et d'après, mais les autres sont sans doute largement apocryphes. Néanmoins, la reconnaissance du caractère préhistorique des dessins ne date que du 19ème siècle. Le concept même de civilisations humaines anciennes, et a fortiori de leurs créations artistiques, ne remonte pas plus loin, certainement en Europe en tout cas, car l'Antiquité  - mésopotamienne, égyptienne ou hellénique - étaient connues et acceptées avant cela. Enfin, c'est à partir de 1902 que le réseau de Niaux fait l'objet d'études archéologiques réelles, par des historiens aidés d'officiels des administrations, des spéléologues etc ...


Cela tient sans doute à mon ignorance, doublée d'un scepticisme profond, mais je reste très dubitatif devant les extrapolations fantastiques faites dans le milieu de la préhistoire, quand on se lance dans des explications. Par contre, je suis très confiant au niveau des affirmations étayées par des constatations d'ordre factuel. Qu'on puisse dater l'empreinte d'un pied avec précision, et en déduire le poids et la corpulence, voire l'âge approximatif du marcheur, ne m'étonne pas. Je fais confiance à la science dans le domaine des faits. Mais qu'on puisse aussi déterminer l'état d'esprit et les motivations du quidam ne me convainc pas. Le cerveau humain me paraît peu fiable dans ses témoignages et encore moins dans ses élucubrations.


Ici, on m'a montré - et j'ai eu les yeux humides lors de la première fois et le souffle court dimanche dernier - des représentations d'une grande beauté et sans doute d'une symbolique très codifiée. Que leurs auteurs aient voulu exprimer quelque chose au-delà de l'aspect décoratif et/ou esthétique me semble évident, mais aller beaucoup plus loin ...


Pour ce qui est des signes, à l'oxyde de fer (rouges donc) ou bien en noir (manganèse, suie ou cendres), leur code, répété en plusieurs endroits du continent, et leur organisation, ne laissent pas de doute quant au caractère de communication qu'ils revêtent, mais on n'a pas encore trouvé leur pierre de Rosette. C'est bien entendu fascinant pour un esprit curieux comme le mien, mais également frustrant pour mon versant incrédule et rétif au bullshit. Jean-François Champollion avait bien raison de vouloir absolument mettre dans des caisses le produit de ses fouilles ... pour une utilisation ultérieure.


J'ai fait la surrprise à Carla et à mon ami Yves, énorme voyageur devant l'éternel, amateur des beaux mécanismes d'horlogerie et des belles mécaniques de moteurs à explosion, de les emmener un peu vers le centre de la terre, pour une visite au grand musée de la nature. J'espère qu'ils ne l'ont pas regretté.


Pour Christine et moi, ce fut le troisième épisode. Vous avez lu en janvier que j'amais je n'ai exprimé "Je suis Charlie", ne partageant pas cette hystérie collective de cohésion républicaine et cocardière.


Par contre, fidèle à l'esprit internationaliste de Léon, je maintiens: "Je suis Cro-Magnon". 




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