MÊME SANS ETOILE, IL NE PERD PAS LE NORD

Christine, en pleine félicité post-prandiale après avoir quitté la table
Christine, en pleine félicité post-prandiale après avoir quitté la table











C'est une longue histoire,

que je vais écourter pour vous.

















A 10 heures ce matin, ayant quitté l'A9 et son petit crachin, notre 65 CV (de la marque qui rassure les mécanos quant à leur avenir, paraît-il) se gare en face de la piscine de Narbonne, de l'autre côté de la chaussée. Nous avons rendez-vous avec Jérémy, un de mes compatriotes. Mais c'est finalement Albert, son second à qui il laisse beaucoup d'indépendance, qui déguste avec nous. Tout se passe bien. Vous voyez que je fais court.


Il est "bien bon onze heures quart" et, n'ayant plus rien avalé depuis ma pizza de la veille, je propose à Christine de consulter son petit carnet magique pour nous avoir un petit lunch en clientèle, quelque part sur la route du retour. Les vendanges qui pointent le nez au bout des "yaks" monopolisent la trésorerie et nous faisons de toute façon rarement un repas important à midi.


On se met en route tandis qu'elle se concentre sur ses recherches mais, entre Valras-Plage et Port-Vendres, nous sommes pauvres en bonnes tables de bord de mer parmi nos clients. Ou bien leur carte regorge déjà de très bons crus locaux (La Clape, Collioure) ou bien ces adresses pratiquent la politique du "très bon marché multiplié par un coefficient de ouf", et nous n'entrons pas en ligne de compte.


Par contre, il existe bien une adresse où nous souhaitions aller nous asseoir depuis longtemps, sur de nombreuses recommandations.

- "Est-ce qu'on peut avoir deux couverts?"

- "Bien sûr, mais le chef ne vous prendra plus après midi trente".

On est prévenus.


Résultat: deux pavés de morue cuite à la perfection, bien dessalée, sur un lit de purée de pommes de terres et des légumes de saison variés, préparés chacun séparément. En "sauce à part", mais que nous avons ingurgitée goulument, une anchoïade particulière, onctueuse comme une mayo très réussie et volontairement assez salée ... pour tenir tête au poisson et rehausser les légumes. Christine a rendu une assiette qui n'avait plus besoin de rejoindre la plonge et la mienne contenait encore un tout petit morceau de peau. Je n'aime pas celle du cabillaud.


Mon diabétologue refuse mes hagiographies de dessert: top cependant. 


On a bu le blanc d'un vigneron copain (Espira de l'Agly). La carte des vins se loge dans une tablette digitale et j'éprouve des difficultés psychologiques à me servir de cela - suis un vieux con, moi. On a donc laissé choisir la maison. Christine, qui sait lire les instruments des "djeuns", m'avait confirmé que le Bienvenues-Bâtard-Montrachet n'était pas trop cher. 


Et alors, me direz-vous? 

Alors, l'endroit (neuf ou récemment restauré à neuf) est une grande grange ou un bâtiment central de chai à la charpente de bois apparente, avec cuisine ouverte en inox (ni bruit de hotte, ni odeur); le mobilier mélange des meubles en bois (mérisier?) assez classique et du design à table (dans les gris). Il y a deux grandes terrasses, inoccupées en ce début d'arrière-saison.

Le service est assuré par la maîtresse des lieux - enfin on le pense - très à son aise, la répartie facile et le sourire toujours présent.


Oui mais, le chef?

Le chef a la petite soixantaine bien portée, des moustaches exubérantes et semble économe de ses paroles. Pas taiseux, simplement réservé. 


En fait, au début des années '80, il avait développé un excellent restaurant sur Narbonne, devenant un des plus jeunes étoilés du pays, et puis même double-étoilé. Narbonne n'assurant plus un Hinterland suffisant pour ce genre d'établissement (idem à Céret, à Béziers, à Perpignan avec le Chapon Fin ...), la maison avait cessé d'exister. Même à Montpellier, les jumeaux Pourcel lâchent du lest petit-à-petit, abandonnant progressivement tout le faste et le luxe. Notre sud s'appauvrit.

Qu'à cela ne tienne, il avait remis cela dans la jolie salle résolument religioso-post-moderne de Saint-Crescent (un prieuré réformé je crois), où il obtenait à nouveau un macaron. Et c'est là qu'officie son Lionel de fils à présent.

Notre Loute fait depuis 4-5 ans le bonheur des sommeliers de la maison.


Un accident de sport moteur l'a ensuite envoyé en "convalescence forcée" et c'est en 2010 qu'il s'est installé à Treilles, où nous venons de rencontrer ... Claude Giraud, car c'est de lui qu'il s'agit.


Il ne s'agit pas d'une cantine "sympa et bon marché". C'est un restaurant gastronomique au cadre dépouillé proposant des plats peu alambiqués, réalisés au départ de très bons produits et exécutés avec une grande précision. En fait, c'est un grand chef qui "fait à manger comme nous", mais avec son talent et son expérience en plus.


On voudrait en rencontrer plus.


Adresse: l'Atelier, route des Corbières, à l'entrée du village de Treilles (Aude)

                 T°: 04.68.33.08.59




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