Vous aviez déjà entendu
parler de la GALERE, vous?
Moi pas.
Cet adorable crustacé, également appelé "squille" (Squilla mantis) se pêche au large de nos côtes. Il
évolue au-dessus des fonds vaseux de moynne profondeur (30 - 100m).
C'était jour de marché à Corneilla et j'ai reporté le début de ma vendange d'un jour car il aurait été ... compliqué de bloquer mon "petit bout de rue" au moment où les forains ou leurs clients terminaient leur matinée. J'ai à nouveau discuté le bout de gras avec notre aimable poissonnière de Port-la-Nouvelle, elle-même femme de petit pêcheur. C'est agréable de s'informer auprès de gens qui connaissent leur métier. Je lui ai acheté deux limandes, de taille acceptable, que je ferai "à la meunière", si Christine mange avec moi ce soir, car il y a un "twist".
Oh, je ne vous livre pas les échos de notre entente conjugale, là n'est pas le sujet : tout va bien. Sans être d'une pudeur excessive de mes sentiments, je ne pense pas en outre que les affaires de couple gagnent à être portées sur la voie publique. Non, il s'agit d'un événement tout autre, que nous aborderons une autre fois ... ou pas du tout. Donc, mes limandes, pêchées hier, m'attendent, comme Alexis (cherchez bien, ce n'est pas une fable).
Et la poissonnière m'a fait: - "Pourquoi pas quelques galères?".
Allô watte, des quoi?
En fait, la pleine saison - elles sont alors plus charnues - c'est le mois de décembre. On les déguste dans ce cas comme des gambas ou des langoustines. Ici, on m'a expliqué la marche à suivre: 1) on les fait sauter à l'huile avec un assaisonnement méridional type "persillade". Je ne forcerai pas sur l'ail. 2) On les met de côté et on récupère le suc, très puissant paraît-il. En même temps, on ébouillante des spaghettis. 3) On réalise un court-bouillon où on fait cuire les bébêtes pendant dix minutes. 4) On réunit les spaghettis, les squilles et le suc après finition avec un peu du bouillon. Il paraît que c'est délicieux.
Je vous tiendrai au courant. Comme je suis un gastro-snob, j'ai déjà une ou deux petites idées pour rendre plus fine la recette, en retravaillant un peu le suc (émulsion spumeuse montée au beurre avec le bouillon et une pointe de curcuma pour "faire joli" etc ...). Et, si c'est vraiment bon, on risquera une bisque un de ces jours ... mais pas pendant les vendanges.
Pour ma photo, j'ai disposé ces demoiselles en quinconce, comme dans la tortue de César de Goscinny, et vous voyez clairement leur ... trompe-l'oeil, le terme est de circonstance. En fait, les deux petits yeux rapprochés "à la Mickey Mouse" en imposent pour une tête mais c'est la queue de l'animal. Elle ressemble un peu à une baudroie, en moins laid. La vraie tête, avec ses yeux pédonculés et ses antennes, c'est à l'autre bout, évidemment. Cela doit être vachement compliqué de s'y retrouver dans une partouze, chez les galères! Il y aurait même du boulot pour un ancien directeur du Fonds Monétaire International! Je ne parle pas de Madame Lagarde.
Voilà, galères ou limandes, ou bien "di tutto un po' " ...
suite au prochain numéro de ce blog.
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