GRANDE ESCOLHA 1994

Grande Escolha 1994, vin rouge du Douro
Grande Escolha 1994, vin rouge du Douro











On continue de me demander

pourquoi "je fais de la pub'

pour des vins qui ne sont pas à moi.

Ce monde consumériste 

me glace:

ce n'est pas "de la pub",

ceci est une chronique hédoniste

et je me FAIS PLAISIR 

en l'écrivant.















Cette bouteille représente plein de symboles, de joies et d'émotions pour moi. 


La première que j'aie bue était une 1982. Il s'agissait d'un vin sublime, aux tannins soyeux, aux arômes cacaotés mais fins et avec un côté chaleureux comme je les aime. Je l'avais achetée chez un importateur portugais à Bruxelles, qui était aussi l'agent de ... Mateus, mais ceci est une autre affaire. Il proposait régulièrement de très bons vins de son pays - inconnus de l'Europe du nord à l'époque - à des prix tout-à-fait compétitifs. Hélas, beaucoup de ces maisons ont changé de main à présent, passant dans le giron de banques (portugaises, ou espagnoles le plus souvent), chez Rothschild ... 


Ensuite, j'ai obtenu un rendez-vous à la Quinta elle-même, à Cidadelhe, non loin de Mesao Frio, et j'y ai rencontré la sémillante Susanna Esteban, qui à l'époque ne se débrouillait que marginalement mieux que moi en portugais, mais avait déjà bien intégré le potentiel de cette région. Elle travaille à présent pour les frères Roquette, un peu plus haut dans la vallée du Douro. La visite du cuvier et la dégustation furent des plus intéressantes, en dépit d'installations très vétustes et sombres.


J'ai eu l'occasion de croiser Miguel Champalimaud plusieurs fois. C'est lui qui a initié "l'envol" de cette cuvée, après avoir pris les rênes de la maison en 1976. C'est un homme posé et courtois, habile "positionneur" et moderne dans son attitude mais appartenant à "l'ancien style" portugais dans ses opinions politiques: pas un léniniste révolutionnaire. Je ne pense pas qu'il aurait envie de partager avec moi la cabine d'un voilier, même de  50 pieds de long. C'est son droit.


Et cette "Grande Escolha", à présent?

Si sa fiche techique détaillée vous intéresse, la VOICI.

Sur les schistes du Moyen Douro, son tempranillo (Tinta Roriz en portugais) et sa Touriga Nacional furent vendangés au mois d'octobre 1994, égrappés et remontés automatiquement pendant 10 jours (auto-vinificateurs à l'ancienne) avant de macérer environ 25 jours sous leur marc. Ensuite, 14 mois d'élevage en barriques neuves de chauffe moyenne. Les Portugais disposent d'encore un peu de chêne indigène. Sinon, ils font appel à des tonneliers français ou aux forêts ukrainiennes (ouaip!). Parfois, on se sert de chêne américain mais la palette aromatique est alors tout autre. Je ne pense pas que ce soit le cas chez Champalimaud. Il y a eu 58.000 bts de ce vin. J'en ai possédé douze mais je crains que celle-ci ne soit ma dernière.


A l'ouverture (bouchon parfait) ... panique: orangé, volatile et avec des arômes de vieille feuille. J'ai heureusement l'expérience de très vieux Château Musar (Plaine de la Bekaa) similaires et ai appliqué la même méthode. On transvase dans une carafe, sans le dépôt, et on rince la bouteille, qu'on remplit à nouveau. Et là, on secoue vigoureusement en aérant, avant de reverser dans la carafe, pour une demi-heure au frigo, flacon ouvert. Et ça marche, n'en déplaise aux menteurs du vin qui vous racontent plein de fadaises sur les "décantations prudentes". Il s'agit de potentiels rédox, pas de cours de sommellerie de l'Ancien Régime donnés par des gourous ignares mais férus à fond d'ésotérisme. 


La robe est à nouveau grenat, avec un côté tawny mais pas "coca-cola" et le nez est net, fait de vieux cuir, d'écorce d'orange, de pruneau, de réglisse, un peu comme du mourvèdre. Non, le miracle est en bouche: suave. Avec les vieux vins italiens (et également dans la Bairrada), l'acidité parfait l'équilibre.

Ici, elle est basse et c'est réellement le velours de la fin de bouche qui enchante. Souvent, le pH de cette cuvée tourne autour de 3,75 ou même 3,80 ! 


Nous avions acheté une côte de boeuf (Blonde d'Aquitaine) choisie bien grasse. Elle s'est révélée fort jeune une fois ôtée du grill, mais m'a fait un compère idéal pour ce rouge du Douro, avec des frites parfaites (Agatha) et ... une salade-mayo.


Que veut le peuple d'autre dès lors qu'il a du bon vin? 






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Comments: 1
  • #1

    Patricia Pereira Marques (Tuesday, 15 September 2015 15:08)

    Si tu nous invites on vient t'aider au moins un week end… hein mais il faut communiquer l'ami
    J'ai beaucoup aimé te lire à ce sujet mais c'est notre José Carujo qui serait heureux !

    Amicalement
    Patricia