LAURENT LEMAL, BOCUSE D'OR 2015 EN FRANCE


Le gagnant du Bocuse d'Or 2015

pour la sélection française

est au fourneau du

restaurant du complexe Riberach.

Youpie! 



On va me reprocher de constamment grincer mais, une fois encore, la presse régionale déforme la vérité et verse dans le sensationnalisme. Elle a titré (en substance): "Un chef catalan Bocuse d'Or 2015".


C'est un mensonge populiste, mais cela n'enlève rien au mérite du chef Laurent Lemal et c'est une excellente nouvelle pour toute la gastronomie fine de notre département.


Replaçons les faits dans la réalité. La cave coopérative de Bélesta, fondée en 1925, à la grande époque du mouvement coopératif, était en déliquescence lorsque deux architectes ont fortement investi dans un projet hôtelier de haut standing, visionnaire pour certains, fou pour d'autres, comme toujours. Luc Richard, personnage sympathique et ouvert avec qui j'ai lontemps conversé lors de la Fête des Vieux Cépages de Trilla il y a 2 ou 3 ans, et son associée, la Suissesse Karin Pürhinger, ont acheté la structure en 2006: on a remembré le vignoble d'altitude (10 ha en production, à 400 mètres au-dessus du niveau de la mer), on a détruit certaines cloisons du cuvier pour y créer des chambres originales, on a construit un restaurant design et toute une série de gadgets et d'attractions insolites.


Le but avoué: créer un complexe d'oeno-tourisme de luxe pour attirer principalement une clientèle étrangère à la région, et à la France. Le tout est fignolé (voir le site) et les prix sont de niveau "international" aussi.


Là où l'histoire du blog de ce jour commence vraiment, c'est en 2009, car Riberach embauche un chef venu du Nord (pas du tout catalan contrairement aux titres des quotidiens), qui fut finaliste au concours des MOF et obtint très vite son macaron Michelin. Et cette semaine nous apprenons qu'il a gagné l'édition 2015 du Bocuse d'Or, mais pour la France seulement, ce qui n'est déjà pas rien. Il aura donc la possibilité d'aller défendre ce pays en zone européenne et puis - qui sait ? - mondiale.

C'est tout le mal que je lui souhaite.

Il faut signaler que sa compagne est la pâtissière, là-haut. Voilà un couple qu'il doit faire bon cotôyer quand on passe une semaine dans une villa de vacances! 


Le tourisme gastronomique existe, heureusement, et cette nouvelle distinction est un bien pour nos bons chefs à nous aussi. L'Hérault a bien du mal à faire vivre ses belles tables, l'Aude en compte beaucoup mais certaines "rament" et ici, même les meilleurs établissements ne remplissent pas forcément leur salle tous les jours; en tout cas pas "à l'année". La réceptionniste du complexe expliquait ce matin à la radio locale que le standard sature et que les jours qui viennent son "full-booked". J'espère que ce public de gourmets étendra sa quête jusqu'à Montner (Auberge du Cellier), jusqu'à Clara (Loges du Jardin d'Aymeric), jusqu'à Perpignan (La Galinette, La Rencontre) et jusqu'à Port-Vendres (Jardin du Cèdre, Côte Vermeille) pour pouvoir goûter NOS vins aussi. Oui, c'est mesquin, je sais! 


Nous avions eu l'occasion de présenter la production de la Coume Majou au jeune sommelier de Bélesta lors du salon de Trilla et à deux autres occasions, et il l'avait appréciée, nous laissant sa carte. Mais lorsque Christine avait pris contact avec lui, avec la gentillesse qui caractérise son approche, il l'avait prise de haut, signalant que c'est à lui de joindre les vignerons et qu'il ne souhaitait pas être importuné. C'est son droit le plus entier mais peu de ses collègues nous font ce reproche. La plupart, au contraire, se déclarent curieux de découvrir des vins peu connus mais de qualité.


Nos budgets ne nous permettent pas de nous attabler en permanence dans les bonnes tables - however much I'd love to - et nous donnons donc la préférence à celles qui figurent parmi notre clientèle. Je ne peux donc pas vous parler de la cuisine de Laurent Lemal. Je n'ai pas non plus rencontré, à ce jour, quelqu'un qui y ait déjà mangé; les étrangers fortunés ne s'arrêtent d'ordinaire pas à Corneilla. Mais le macaron Michelin et la reconnaissance du comité Bocuse valent sans doute mieux que mon modeste avis personnel.


Un grand bravo au chef et tant mieux pour la bonne cuisine dans le département.




Write a comment

Comments: 0