AUX PETITS SOINS AUSSI










Je vous ai exposé ici

le concours de circonstances

qui m'a fait dîner avant-hier 

"Aux Petits Oignons".













Regardez mon état de fraîcheur après le week-end dernier: Ryanair vers CRL jeudi dernier. Trente-six heures de farniente et de bonne chère chez ma mère à Coxyde: maatjes puis les filets d'un turbotin jeudi soir, petit-déjeuner copieux (y compris "Ijzerbollen" et salade de poisson) le vendredi et le samedi, les filets d'une jolie sole vendredi midi et les meilleures anguilles au vert de ma vie vendredi soir ... Ma vésicule, ce qui reste de pancréas et ma muqueuse gastrique ont fait le forcing. 


Et le travail dans tout ça? Attendez voir. Werco Wines a eu beaucoup de succès pour ses portes ouvertes et nous avons joui d'une full house les deux jours. En outre, le repas offert aux vignerons du samedi soir se déroulait au restaurant Petrus, sous la cathédrale d'Ostende: huîtres plates et creuses accompagnées de l'excellent riesling de Céline Meyer (maison Josmeyer à Wintzenheim) et ensuite un petit râble sauce Arlequin ... pour la Cuvée Majou 2007 de Luc Charlier. Le retour vers Coxyde s'est terminé par une légère brume sur les polders, mais mon esprit était très clair (un verre de chaque et puis plus, infusion de menthe pour terminer).


Le dimanche matin, j'ai flâné une grosse heure dans Ostende, mon sac de voyage allégé à la main. Il y faisait doux et le monde était en goguette. Moi, j'ai fait du lèche-vitrine, niveau zéro dépense. Ensuite, via le dock d'où le Mercator est absent pour le moment, j'ai rejoint ma table et mes échantillons derrière l'hôpital. Le dimanche soir, c'est la NMBS-SNCB qui m'a aidé à rejoindre BXL, puis le bus jusqu'à la gare de Berchem-Sainte-Agathe, en pleine transformation pour la "n-ième" fois. Un petit commentaire à l'attention des voyageurs in spe: il faut se munir d'avance d'un titre de voyage dans les transports en commun bruxellois: les conducteurs n'en délivrent plus et seules les aubettes en vendent! On fait vraiment tout pour dégoûter les gens de se déplacer de manière écologique et pour supprimer des emplois pourtant fort utiles socialement.


Néanmoins, j'étais à l'heure pour croquer un morceau avec mon frère lundi midi et me faire ensuite élégamment prêter une station wagon de fabrication suédoise par la mère de mes fils: merci Patou. L'après-midi s'est passée entre Jodoigne et Wierde, puis du côté de Louvain-la-Neuve avant de ... s'attabler à Jodoigne à nouveau. Avant que j'oublie de le mentionner, le taxi suédois - d'habitude, ce sont des allumettes - a ensuite reconduit sa passagère VIP à Court-Saint-Etienne, dans les bras du petit ami. Qu'est-ce que c'est cruche, un papa!


Et le repas, le repas?


Nous avons bu du "viura" pur, des bords de l'Ebre (Rioja), qui n'est autre que "mon" macabeu chéri; solidarité sainte des vinificateurs. Ensuite, vous savez que je ne me prends pas pour un chroniqueur gastronomique, notamment car je désire rester honnête homme, la carte nous a fait aller de la compotée de queue de boeuf avec son oeuf jusqu'au tourteau décortiqué comme dressé dans un cylindre de pomme de terre avec son velouté au raifort. Et pour le plat consistant, nous avons retenu le turbot en croûte de pomme de terre et son sabayon aux crevettes grises (particulièrement savoureuses), ainsi que du ris de veau pour le goutteux que je suis. Ce sont des noisettes piémontaises qui lui conféraient une touche originale. Croyez-moi, je préfère cela au Nutella. Le dénominateur commun: une grande complexité des saveurs (sans clash toutefois) et une cuisine personnelle, jamais dégustée ailleurs. Il faut aller chez Stéphane Lefebvre avec un appétit grand ouvert, car c'est bon et copieux, mais aussi avec un esprit dispos, car on est perpétuellement sollicité par les contrastes et par les harmonies. Je recommande vivement l'endroit aux gastronomes attentifs, pas aux snobs qui veulent épater la galerie: ils passeront à côté de leur plaisir.


Et je vous en apporte la preuve: nous avons eu droit à deux services de mises en bouche, doubles à chaque fois et qui valaient la peine à elles seules. J'ai adoré un sorbet vert (céleri-persil, je crois) reposant sur un petit sablé au parmesan si je me souviens bien, et rehaussé d'une gelée de tomate. Et il y avait aussi quelque chose comme de l'anguille fumée. Difficile, 48 heures après, de tout se remémorer, surtout sans notes. Mais, au moment-même, le plaisir est là et c'est la seule chose qui compte. Voyez, je me souviens aussi de mangues (avec le turbot), de gingembre, de yuzu, de combava (= citron kaffir), de truffe, d'oignon confit ... 


Et puis, je me souviens du sourire satisfait de la Loute. C'est gaga un papa! 


Virginie n'a pas fait de crise d'adolescence. Elle a eu une phase de rebellion (sans excès), dirigée contre l'establishment beaucoup plus que contre nous, et épargnant très fort sa mère d'ailleurs, vers l'âge de 20 ans. 

Ensuite, presque comme par une translocation spatio-sidéro-galactique transformant son acide ribonucléique en un principe au pouvoir fantasmagorique digne du Centre del Mon, la voilà devenue une jeune femme adulte épanouie, ravissante,

sûre d'elle-même et évaporée en même temps.


Bon, elle a bien quelques petits défauts aussi, mais c'est sans intérêt. 



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