KHAN, A NOUVEAU

Publié chez Stock, 2015
Publié chez Stock, 2015

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Et voici le deuxième volume

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

On nous dit que le premier recueil fut un best-seller. Cela ne m'étonne pas. Je vous en parlais il y a quinze jours (voir ICI).

 

Celui-ci m'a plu davantage encore. Pourtant, je suis devenu plus critique de la "méthode Kahn", car il sait s'y prendre, le bougre.

Tout d'abord, il s'est fait accompagner de sa pouliche en peluche, emportant ainsi comme son grand prédécesseur écossais un animal dans ses pérégrinations. Cela permet des digressions et ajoute une dimension narrative. Car en fait, il ne se passe rien pendant 240 pages mais on n'en demeure pas moins fasciné par le récit.

 

Je connais moins bien les localités visitées au cours de cette diagonale-ci, et il m'a donné l'envie d'en découvrir quelques-unes. Je remarque qu'il voue à la salers (on ne prononce pas le "s" final) le même culte qu'à la petite aubrac. Moi aussi, reconnaissance du ventre sans doute.

 

Mais surtout, l'Axel sait mettre en avant ses petits exploits - qui en sont - et faire apprécier ses efforts et sa ténacité. Il dresse, en filigrane, un bilan de sa vie et se présente - ils font tous cela à cet âge - comme un grand amoureux et comme un séducteur. Par contre, pourquoi a-t-il enduré toutes les "misères" de ce périple alors qu'il aurait pu se rendre la route un peu moins douloureuse par moments, sans perdre quoi que ce soit de sa quête du beau ni de l'authenticité de sa (dé)marche? Mystère.

 

Il affiche au fil des pages un optimisme très mesuré, celui d'un homme qui de toute façon ne sera plus là pour voir qu'il s'est trompé, quant au retour à un semblant de félicité dans la France rurale. Et il partage mon cynisme et mes critiques à l'égard du personnel politique et des systèmes.

 

Enfin, sa condition physique est impressionnante alors que le reste de sa carcasse - le squelette surtout - affiche ouvertement les insultes infligées par l'âge qui avance et le temps qui passe. Ayant 15 ans de moins que lui, je ressens néanmoins cela de manière très "prégnante" comme on dit maintenant (de manière bien impropre).

 

Il FAUT retourner en arrière. Non pas parce que tout était mieux avant, cela est faux. Mais bien car nous devons "mériter" un peu plus les beautés qui s'offrent à nous, fuir le facile, le clinquant, le superficiel. La solitude apparente du marcheur lui permet de préparer son esprit à rencontrer les autres à l'étape, et à vivre de peu. Je n'ai pas dit "de rien". Il faut une certaine fortune résiduelle pour se permettre les auberges et l'équipement, mais beaucoup moins que pour louer un yacht à la semaine et l'ancrer au bord de la Méditerranée, équipage à quai mais loué lui aussi. 

 

Enfin, Kahn nous donne une leçon de résignation sereine. Je pense que ceci sera sa dernière grande randonnée, et lui le sait. Il ne manifeste aucun regret: chaque chose en son temps, être et avoir été, l'équitation qui ne sera plus, sa capsule articulaire qui ne guérira jamais entièrement, la pouliche symbolique qui s'emballera moins ... 

 

Un bon livre nostalgique et réaliste, courageux et résigné ...

et un faux modeste (légèrement fanfaron de manière sympathique)

qui écrit toujours diablement bien.

Merci M. Kahn. 

 

 

 

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