AU LOIN, LE VERCORS

Le Rhône coule entre les 2 plans à l'arrière de la photo
Le Rhône coule entre les 2 plans à l'arrière de la photo

 

 

 

 

 

Reprise de conscience,

soleil levant.

 

 

 

 

 

 

 

J'ai lutté toute la nuit contre les démons. Pas les miens, qui restent calmes depuis quelque temps.

Ceux qui régissent l'industrie pharmaceutique, et quelques détenteurs de l'autorité.

 

Le procureur, ou en tout cas quelqu'un qui s'était substitué à lui, tentait de m'arracher de la bouche quelques confidences, qui formeraient autant d'aveux.

 

J'ai eu droit au censeur en costume trois pièces, la soixantaine, venant à peine de prendre ses fonctions au dernier étage du bâtiment blanc de l'avenue Louise. Oh, il ne ressemblait pas du tout à Claude, alias Klaus, l'homme qui jouait zéro de handicap sur le 18 trous de Waterloo. Non, il avait un peu l'aspect et la mise d'un ancien préfet des études, l'équivalent belge d'un proviseur de bahut français. Il ne me connaissait pas, mais possédait le dossier où on consignait toutes mes vilainies, pourtant commises sur ordre, en service commandé, comme Brassine, Grosjean ou Davignon, ou encore Son et Verscheure, en avril 1961.

La comparaison s'arrête là, je le jure.

 

On m'a rappelé le pain-surprise qui a transité entre la Place du Grand Sablon (à l'enseigne d'un grand double V) et les hauteurs de Konz, près de Trier (Trèves), "pour une fête de communion solennelle", un quinze août ! 

 

On m'a rappelé une caisse de DRC (millésime 1985), distribuée équitablement.

 

J'ai revu le cousin d'un ex-ministre de Giscard d'Estaing. Il fut un temps mon patron et mit fin de manière très élégante et chic à notre collaboration, dans un win-win astucieux.

 

J'ai revécu la scène pendant laquelle Guy Jullien, appelé à la rescousse par son épouse, mit à la porte de son établissement un couple d'Allemands (à Mondragon), sans leur faire régler la note. Ils s'obstinaient à envoyer des volutes de fumée vers la table de mes invités. Le tabagisme était encore toléré à l'époque, mais ceux-ci fumaient à la chaîne, malgré ma requête polie les priant de nous épargner un peu.

 

J'ai à nouveau entendu ce "collègue", professeur de neurologie dans les Emirats à présent, affirmer mordicus qu'il n'y était pour rien, alors qu'il avait défoncé en se garant la portière de mon véhicule (de fonction!). La peinture de sa carrosserie, égratignée elle aussi, teintait abondamment la laque de la mienne. 

 

J'ai refait en partie le cheminement: Sheila Sherlock, George Rollinson, Guy Paeme, Joseph Paulus, Albert Higuet ... autour des hépatites centro-lobulaires liées à l'administration d'acide clavulanique .

 

J'ai une nouvelle fois cogné un bac à lumière "avec la perche servant à ouvrir les fenêtres-guillotine" dans un local du rez-de-chaussée du boulevard Clovis. C'est en tout cas ce que j'avais soutenu sans faillir alors que j'étais responsable d'un club d'échecs où nous confondions le coup du berger et trois lancer-francs. 

 

Une conclusion s'imposait: je devais m'en aller.

 

Toutes ces horreurs, c'est "la faute à Mathieu". Ne m'avait-il pas fait boire, me posant presque l'entonnoir aux lèvres comme pour la Question, une dizaine de gobelets d'excellent vin? 

 

A mon réveil, tout s'est dissipé, lentement, ne me laissant que cette image de l'astre du jour, appelé depuis cinq heures au moins par le Chantecler local. Il tentait de percer le brouillard qui emplissait la vallée. A l'horizon, les premiers abrupts du Vercors se dessinent alors que, sur un plan plus rapproché, ce sont les collines orientales de l 'Ardèche qui masquent le Rhône en contrebas.

 

Cela fait une bonne semaine et je n'arrive toujours pas

à débrouiller le message onirique issu de mon subconscient.

Ou plutôt-ci, mais je me refuse à y céder.

Vous voulez encore boire un peu de Majou? 

 

 

 

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