UN DEVÔT EN BUIS

Vrai "Christ-Dévôt" et vraie copie
Vrai "Christ-Dévôt" et vraie copie

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ce Christ en croix

est une copie.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Je n'ai pas tout compris. L'original se trouve, d'ordinaire, dans une chapelle spécialement dédiée, construite en 1534 comme annexe de la cathédrale Saint-Jean. Parfois, on l'expose à la Chapelle Notre-Dame des Anges, qui constitue elle aussi un départ officiel sur le chemin des Jacquets. Enfin, actuellement, un accord veut qu'elle sera itinérante, restant une année entière dans des églises différentes partout en France.

 

Sculptée tout en bois de buis en 1307, la statue représente un Christ en croix dans sa figuration "ancienne", émacié et souffrant. 

Après le Réforme, le visage du supplicié sera plus fréquemment représenté de manière sereine.

 

L'exemplaire que je vous montre est une copie qui sert à la Confrérie de la Sanch lors de la procession annuelle pendant la semaine sainte. Elle est, fort à propos, exposée dans "leur" partie de l'église Saint-Jacques, où je lui ai tiré le portrait. Je pense qu'une tradition lui fait laver les pieds par des jeunes à cette occasion, à l'aide d'éponges bénites parfumées à l'eau de Cologne! 

On pourrait titrer: "4711, le saint pédiluve", en quelque sorte.

 

L'original, en polychromie, aurait été sculpté dans le buis, une essence qui a tendance à se retracter avec le temps. La pointe du menton se rapproche lentement du sternum du Nazaréen et une tradition veut que, lorsque la jonction sera opérée, on assistera à la fin du monde. Je suppose que la hiérarchie s'assurera qu'une lime ou une rape sacrée ne permette point ce funeste événement. Si les voies du Seigneur sont impénétrables, la sciure divine reste, elle, tout à fait terrestre. 

 

Je m'étonne d'ailleurs que le buis, un arbre de taille fort modeste, et généralement pas plus grand qu'un petit arbuste même, ait pu donner une grume assez grosse. Cette essence, Buxus sempervirens le plus souvent, orne pas mal de nos jardins, et une forme "sauvage" plus ancienne subsiste en Sardaigne et en Andalousie, le "buis de Port Mahon", Buxus balearica. Vous savez qu'il dégage une odeur caractéristique, voisine du "pipi de chat", dont on rencontre aussi des précurseurs dans le cépage sauvignon blanc. Il s'agit de l'odeur du 4-méthyl-4-sulfanylpentan-2-one (le "4-MSP").

 

Les images que j'ai vues de la statue originale présentent une croix "traditionnelle", semblable par sa forme à celle du Mont du Calvaire. Par contre, la copie de la Miranda est clouée sur un espèce de Y-grec, que je trouve très trendy. Le nombre de côtes visibles est impressionnant.

 

Tant qu'on y est, admirons les épines de la couronne et signalons au passage que 4 "vrais " specimens se trouveraient encore à Perpignan de nos jours. En effet, la huitème croisade voit la mort de Louis IX devant Tunis (1270). Il avait confié ces reliques à son rejeton, qui allait devenir Philippe le Hardi. Celui-ci mit pied à terre à Perpignan en 1285, pour un séjour au Palais des Rois de Majorque. Egalement de retour de croisade, très en vogue au 13ème siècle, il y est l'hôte de Jacques 1er, qu'il soutient contre son frère aîné, Pierre III d'Aragon, avec la complicité de Pise et de Gênes. Vous me suivez toujours? Bon, Philippe y meurt mais il trouve le temps de faire déposer les épines à l'église Saint-Matthieu. La Confrérie des Saintes Epines les exhibe chaque année, le cinquième dimanche après Pâques. Je vous montrerai ceci une autre fois.

 

Au moment de s'attaquer à la ... galette des rois, je vous offre donc en vrac Notre-Dame-des-Anges, Saint-Jacques, Saint-Matthieu, Saint-Jean-Baptiste. Pour un athée, vous ne pourrez pas me reprocher d'être sectaire. En même temps, l'Epiphanie est elle-même au départ une fête païenne célébrant la lumière. Elle a lieu au bout d'un cycle de 12 jours et de 12 nuits qui suivent Noël, cette même date n'étant que le prolongement du solstice d'hiver (22 décembre).

 

Qui aura la fève? 

 

 

 

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