UNE EVALUATION DU RISQUE

Jolie photo d'ensemble du gratin des chefs du département
Jolie photo d'ensemble du gratin des chefs du département

 

 

 

Christine ne sera pas contente.

Elle n’aime pas quand je fais de l’humour

qui « pourrait me nuire » en clientèle.

 

 

 

 

 

Cette photo a débarqué sur ma page FB, dans la marge, en tout petit, sans crier gare. Je croyais que c’était le  Ku-Klux-Klan.

Mais non : ce sont les Toques Blanches du Roussillon en tenue d’apparat. Il y en a peut-être qui sont inscrits au KKK aussi, mais un vigneron ne fait pas de politique et je n’émettrai donc pas de commentaire.

 

Même en agrandissant le cliché, on ne reconnaît pas les visages. J’ai donc parcouru la dernière liste des chefs (plus un pâtissier) disponible sur le site et j’en connais quinze personnellement. Sur la photo, il y en a certainement qui ne figurent pas dans la liste, car ils ne tiennent plus de restaurant ou bien ils sont des « officiels ».

 

Parmi les quinze, j’ai discuté suffisamment avec dix d’entre eux (ou avec leurs frères, comme le loup de la fable) pour avoir une idée de leur personnalité, au moins celle qui est accessible au public. Ils me prennent un peu de vin, de temps à autre. 

 

Et parmi les dix, il y en a cinq qui sont des clients réguliers. Parmi eux,  il y en a trois avec qui je parle régulièrement d'une part, mais également avec beaucoup de plaisir d'autre part. Les quatrième et cinquième ne sortent pas de la cuisine et je ne leur parle donc quasiment jamais. Je n’aime pas déranger les gens en plein travail. Ils ont un frère qui entretient les contacts. 

 

Il y en a en fait trois que j’ose finalement taquiner, gentiment. Je crois qu’ils m’aiment bien.

 

Qu’est-ce que vous en déduisez ?

 

. Tout d’abord, que nous n’avons pas « envahi » le marché de la belle restauration dans notre département. C’est vrai.

D’une part, je ne le souhaitais pas. Des collègues vignerons de renom m’ont soutenu et aidé lorsque je me suis installé. Il serait prétentieux d’une part, et inélégant de l’autre, d’aller leur « voler » des restaurateurs. D’autre part, je suis étranger, et ne m’en cache pas, même si je me suis efforcé de me fondre dans les coutumes locales quand elles ne me posaient pas de problème de conscience. Par exemple, m’asseoir à Aimé Giral et crier bien fort : « Enculé, l’arbitre » ne fait pas partie de mes attitudes spontanées! Et je ne désire pas trop attirer l’attention sur moi : pour vivre heureux en pays catalan, vivons discrets (pas cachés).

 

. Un petit correctif : trois très belles tables au moins ne font pas partie des Toques et sont néanmoins nos clients. Et je leur parle souvent, ce qui porte à huit le nombre de mes établissements « familiers ». Quand je dis « je », c’est « nous », car Christine et moi parlons de la même voix.

 

 

Donc, Christine n’a pas de souci à se faire :

je peux être railleur tant que je veux,

cela ne concernera quasiment pas ma clientèle ! 

Et à notre clientèle, je leur souhaite une année 2016

pleine de bonheur et de belles tables,

et je leur répète que je suis très FIER

d'avoir le privilège de travailler avec eux. 

 

 

PS: pour les petits curieux parmi vous, j'ose taquiner une fantastique Toque Blanche à Perpignan, près de la Têt.

       Je risque pourtant qu'il me balance une tomate à la figure. J'ai eu plus de mal à apprivoiser le deuxième; ou bien c'est lui qui

      m'a apprivoisé, je ne suis pas sûr. Lui, sa toque blanche, elle loge sur un promontoire noir, et c'est plutôt la truffe, noire aussi,

      qu'il me balancera. Enfin le troisième, c'est un de ces "frères" justement. Je risque d'attraper une canette aux raisins sur la

      tronche. Il y en a un autre à Perpignan, qui sauve l'honneur du centre ville, sur le tard: ce fut une rencontre plus récente.

      Et puis, il y a les "compatriotes" héraultais de Christine, sur la Côte Vermeille également.

      Pour les "non-alignés", il faut aller vers les hauteurs d'un port de pêche, dans un jardin sous un arbre vénérable, ou encore sur les flancs

      du Canigou, aux premières loges. Enfin, de vieilles briques pas loin du lit de la Massane gardent à la fois l'accent

      de la Moselle et des relents des anciennes colonies portugaises.

 

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