ON PEUT JOUER AUX RICHES, MÊME QUAND ON N'A PAS TROP DE SOUS

Oeuf "pas pourri" façon monténégrine  (copyright PL Marin)
Oeuf "pas pourri" façon monténégrine (copyright PL Marin)

 

 

 

 

 

 

 

Ca soulage ! 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

D'ordinaire, je ne montre PAS de photo des plats dégustés sur internet. Il y a mille raisons à cela, toutes plus valables les unes que les autres. Mais c'est la moins bonne d'entre elles qui me motive avec le plus de force: je ne veux pas d'amalgame avec les ploucs de chez plouc qui le font sans cesse afin de "critiquer" (en bien ou en mal) ce qu'ils viennent d'engloutir. 

 

Je suis resté fidèle à ma ligne de conduite ... même si j'y déroge un peu. Ici, c'est le chef lui-même qui a mis en ligne la photo de son plat et je ne fais qu'en reproduire une interprétation plus graphique, abstraite, à la façon de Pierre Soulages. La mélano devient mon outrenoir.

 

Ce blog ne touche qu'un petit noyau ("kern") de fidèles, et quelques curieux de passage, visiteurs virtuels venus d'un autre ailleurs. Je leur dois la vérité: la fin de l'année 2015 n'a pas été facile au domaine, car nos deux clientèles "naturelles", les particuliers belges et la belle restauration française, ont été frappées de plein fouet dans leur moral par les activités terroristes (?) du mois de novembre. Les marchands d'armes ont sournoisement orchestré une nouvelle psychose pour relancer leur ignoble commerce. La population, devenue frileuse alors que ce sont surtout les exilés qui ont froid - nota bene, sort moins et se paie un peu moins de bon temps. Nous avons réagi pour notre part en redoublant d'efforts durant ces mois-là (au moins sept nouveaux clients depuis lors, dont deux à Grenoble) et en rendant visite à nos restaurateurs amis, "consilio cenaque" pour ainsi dire.

 

Lors de mon anniversaire, c'est la nappe d'Olivier Samin qui nous a accueillis. Nous n'y avions jamais profité de la carte du soir, plus large et plus "luxueuse" que l'offre pourtant déjà splendide du déjeuner.

 

Pour celui de Christine, c'est Baptiste Poinot qui a reçu une carte blanche sur l'autre rive du Rhône. Là aussi, nous n'avions jamais joui auparavant que du côté "bistronome" de sa belle adresse. La mi-décembe aidant, le diamant noir avait d'ailleurs fait une apparition remarquée pour notre première du côté gastro.

 

Pendant toute la période de l'Avent, nous avons fait "maigre" relatif, sorti d'une duo de homards canadiens vivants obtenus pour moins de 20 € le kilo (en démarque, 24 heures après les "bonnes dates") et ce n'est que pour faire la fête à notre "vioque" que nous avons lâché la bonde à notre gourmandise chez Lionel Giraud. Il y a quinze jours déjà de cela.

 

Nous serons en clientèle durant la période de la Saint-Valentin et les fêtes convenues ne sont pas trop de mon goût. Nous avons donc devancé l'appel et c'est hier soir que Béatrice et Pierre-Louis Marin nous ont régalés. Cyril Bertran officiait en cuisine comme un grand et c'est le couple de propriétaires, tout sourire, qui a assuré le service de salle, le chef faisant l'aller-retour entre les portes à battant et les tables, tandis que son épouse visitait en plus le cellier en temps utile. C'est sûr que cette ambiance particulière ne serait pas possible en haute saison mais un début février très calme sur notre département permet sans doute un peu de répit ... Patrick Kerbaul était donc resté sur le banc de touche pour l'occasion. 

 

Vous trouverez le menu sur mon lien et vous savez que la prétention des critiques gastronomiques ne m'habite pas. Pour vous mettre en appétit, je vous dirai simplement que ce "menu truffe" fut vraiment très truffe d'une part et que le beurre y a pris une part inhabituelle à cette adresse, d'autre part. "PLM", comme les gens le désignent dans les P.O., met un point d'honneur à élaborer une cuisine généralement très méditerranéenne, qui correspond parfaitement à ses approvisionnements (locaux surtout), à son inspiration personnelle et au climat durant la saison touristique. Mais l'hiver, où la clientèle compte surtout des gastronomes venus du voisinage, il a l'occasion de montrer que d'autres registres ne lui font pas peur: oui à la barigoule, ma poule, mais les embeurrées ne sont pas boudées à Montner! Vous pensez si je ne me suis pas plaint: tout ce qui vient du pis me plaît, et tout ce qui vient du Puy m'en Velay (drôle).

 

Dans son bouquin, que je vous présentais en janvier 2012, PLM vous détaille son "oeuf mollet aux truffes" à la page 30. Il a cette fois revisité la recette, avec en plus un clin d'oeil taquin à l'adresse de Gilles Goujon. La coquille reconstituée enferme ici dans sa chapelure le diamant noir plutôt que des amandes pilées et le tout repose sur une purée de champignons, de même couleur. Ce sont les copeaux de truffe rapée, ajoutés par-dessus, qui assurent les saveurs typiques du plat, bien sûr. Cette entrée très originale est pour moi la signature d'un étoilé: la présentation fait appel à un "concept" digne du peintre ruthène, avec une vaisselle très décalée. La construction est pleine d'imagination et je suis certain qu'il faut "gâcher" quelques douzaines d'oeufs avant de maîtriser la finition. Par contre, aucun dressage prétentieux et un "vrai" goût. Le reste du repas, dessert compris, est simplement affaire de générosité. Slurp! 

 

Vous ne me croirez pas - je parle rarement de prix - mais nous avons fait bombance à deux, boissons comprises, pour deux cents vilains euros. Je ne dis pas que cette "Auberge" s'ouvre à tout le monde ni à chaque fin de semaine, mais j'affirme qu'on devrait massivement faire cet effort une fois au cours de l'hiver. Des centaines de dîneurs s'agglutinent tous les jours, midi et soir, autour de la Porte d'Espagne, que ce soit au bord d'une piscine ou bien entre les concessions des marques japonaises. Je leur suggère de sortir de la rocade, de rouler à peine vingt kilomètres et de venir profiter du calme et de la vue de ce promontoire de schiste, à un jet de pierre - justement - de mes vignes et en plein coeur du plaisir gastronomique. C'est juste une suggestion mais bien plus d'une sensation (presque du Jean-Louis Aubert). Je me fais des illusions? 

 

Ce midi, le Döner très soigné de chez Ankara Kebab, l'adorable vis-à-vis de Christine quand elle tenait boutique rue Grande la Réal, nous a fait plaisir aussi, dans un autre registre. Et ce soir, c'est le chèvre tout frais - cela fait trois semaines quand même que la production a repris - de Guido Collin, mon compatriote de Saint-Laurent-de-Cerdan, agrémenté de la toute nouvelle olivière du Domaine Laffon à Palau del Vidre, fraîchement pressée, qui constituera notre ordinaire. 

 

 

Je vous parlerai (demain sans doute) d'un autre "must":

j'écoute presque en boucle le nouveau CD d'Aka Moon.

La bande à "casserole", augmentée de l'excellent Fabian Fiorini au piano,

revisite sur un mode très free les sonates de Scarlatti et je suis envoûté.

En effet, à la Coume Majou, manger ne constitue pas

la seule activité, mais tant qu'à faire ....

 

 

Write a comment

Comments: 0