VIEUX CEPAGES (II)

François Pugibet, un "incontournable" du Biterrois viticole
François Pugibet, un "incontournable" du Biterrois viticole

 

 

 

 

 

Du "lourd" après

l'impeccable lunch de Mechteld.

 

 

 

 

 

 

 

 

Je n'ai pas forcé sur le lunch,  ne me reservant qu'une seule fois alors que le tajine et la semoule étaient délicieux. Et grand bien m'en a pris. On ne présente plus le "patron" de La Colombette. Mais j'ai eu beaucoup de mal à suivre le fil de son exposé. Et je pense que mon état d'attention, ni mon grand âge, ne sont en cause. F. Pugibet avait tant de choses à dire et ... il n'a pas appris à donner cours de manière structurée. Ce qu'il nous a dit n'en fut que plus captivant.

 

Cet homme cherche à convaincre, de tout, sur tout et on sent, on palpe aussi, qu'il  à l'habitude de l'adversité ou en tout cas des oppositions. Comme son prédécesseur du matin, il a une vision peu orthodoxe de la voie à suivre, mais il la présente comme la seule possible ou, en tout cas, souhaitable.

 

Ce que j'en ai retenu tient à quatre ou cinq idées-clés, fortes, toutes discutables mais ayant le mérite d'être toutes réfléchies.

 

1) Comme la plupart (la totalité?) des adhérents à notre association, qui formaient ses auditeurs du jour, il refuse de se soumettre à la logique implacable des produits phyto-sanitaires et du renouvellement constant du vignoble pour répondre aux assauts de la vermine et des microbes. Il est donc embarqué depuis belle lurette dans la recherche de plants spontanément "tolérants" aux agressions. Il a RAISON de ne pas employer le terme "résistant", car il s'agit d'un continuum allant du "tout" au "rien". L'essentiel de son exposé a concerné ce sujet et j'avoue que la réponse qu'il apporte est fort séduisante. La seule chose dont il n'a jamais été question fut les qualités organoleptiques des vins obtenus.

 

2) Il nous a dit, et certains n'ont pas compris tout de suite le sens de sa sortie: "Je voudrais que le vigneron puisse s'acheter une baguette spéciale pour le casse-croûte". Sans passer forcément par le système des aides, cet Héraultais plaide donc pour une viticulture de rendement confortable, produisant un volume important de vin à des prix concurrentiels et répondant à un souhait du marché.  Il espère aussi maintenir le plus grand nombre de personnes possible au travail dans ce secteur et dans des conditions économiques acceptables. Ce débat-là sortait du cadre de la journée mais j'ai bien entendu ses arguments.

 

 

3) Son entreprise est une des pionnières dans le domaine de la désalcoolisation du vin. Une partie de son discours consiste à dire, et on ne peut lui donner tort, qu'un raisin n'exprime son potentiel aromatique que quand il est mûr. On est d'accord que ce dernier terme reste à définir avec précision. Mais alors, "dans le sud", il y aurait trop d'alcool, selon lui. D'où la nécessité de se débarrasser de l'excédent par une méthode qui maintient au mieux les arômes et l'équilibre du vin: un passage par une membrane semi-perméable au sein d'une machine d'osmose inverse ( avec une part d'ultrafiltration) et une distillation particulière. Son site vous en parlera. Ici, nous pourrions passer quinze jours à discuter, je ne partage aucun des points qu'il avance. Mais je pense que nos échanges tourneraient vite à l'aigre. Quoiqu'il en soit, je suis obligé d'admettre que sa gamme "plume", auour de 9 degrés d'alcool, en rouge et en blanc, lui permet de vendre 850.000 bt par an (près d'un siècle de vente à la Coume Majou!) et de soutenir un ambitieux programme de recherche - à ses frais et sans le soutien, voire même avec l'opposition, de la Chambre d'Agriculture.

 

4) Il revendique - et semble vouloir voir se généraliser - une production de vins légers, digestes, de table, plébiscités par bon nombre de consommateurs selon lui et qui seraient typiques du vignoble méditerranéen. Là, tout en lui laissant cette possibilité, et en la lui laissant même entièrement pour lui tout seul, je ne peux que m'inscrire en faux du début à la fin. Je répète souvent que ce sont les jolies communes mosellanes de Wehlen et de Zeltingen qui possèdent un Sonnenuhr sur leur coteau, mais que ce sont les viticulteurs français "qui voient le plus souvent midi à leur porte". Mon souhait ardent de diversité n'y trouve pas son compte.

 

Vous aurez compris que le discours ne m'a pas convaincu

(sauf pour la quête de plants plus résistants aux agressions)

mais que j'ai adoré l'engagement de notre invité, son obstination,

et son succès commercial qui ne fait aucun doute non plus.

Cela doit nous insciter à réfléchir ... ou pas.

Merci d'avoir accepté l'invitation d'André Domine.

 

  

 

 

 

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