IL M'AURA FALLU UN NOBEL

Publé en 1997 déjà ...
Publé en 1997 déjà ...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

... pour entendre parler de

Svetlana Alexandrovna Alexievitch.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Je ne suis pas attiré par les prix littéraires et ne suis pas certain que le Nobel réponde uniquement à des impératifs artistiques non plus. Toutefois, parmi les récipiendaires dont j'ai lu quelque chose, seul Simon ne m'a pas passionné. Et certains autres furent des révélations à mes yeux (Coetzee, Mahfouz, Naipaul, Garcia Marquez parmi les plus récents).

 

La dernière lauréate, une Ukréno-biélorusse, était pour moi totalement inconnue jusqu'à ce que, à l'occasion du Nobel qu'elle reçut l'an dernier, ma librairie habituelle à Perpignan (Torcatis) ne mît un ouvrage bien en vue sur un de ses présentoirs. 

 

Je l'ai lu presque d'une traite. Il y avait intérêt: il est paru en 1997 et j'avais donc quatre lustres à rattraper.

 

Il s'agit "simplement" d'interviews de témoins directs - des victimes pour la plupart - du drame nucélaire de Tchernobyl, qui a fait du Bélarus son martyr le plus apocalyptique, à cause du vent d'une part, mais sans doute aussi à cause des errances du système de gouvernement centralisé qui caractérisait l'empire soviétique. L'auteure affirme qu'elle n'a pas autant fait oeuvre de journaliste que travail de romancière. Il me semble qu'il s'agit des deux.

 

J'avais, comme nous tous, suivi du mieux possible les événements à l'époque. Mais que nous en a-t-on réellement dit? L'Occident aggravait les côtés déficitaires de la prise en charge locale, tandis que l'URSS vascillante minimisait, elle, l'ampleur de la catastrophe. Ce livre remet les pendules à l'heure, même si beaucoup de montres ne tournent plus depuis cette époque dans la zone fortement contaminée.

 

J'ai suffisamment de connaissances de la pathologie entraînée par les rayons ionisants pour avoir saisi le danger dès le début, mais par contre mon savoir défaillant de la physique nucléaire n'avait pas pris en compte le stade de gravité atteint par les radiations: Im-Men-Se! 

 

Il ne s'agit pas d'un livre optimiste, mais c'est un livre qu'il faut lire et il n'est pas larmoyant. A tort ou à raison, je considérais "la Russie" comme un ensemble de régions n'ayant en fait jamais atteint un niveau de développement égal au standard "européen". Je sais que cette "Ruthénie blanche" n'est pas totalement russe. C'est essentiellement une grande forêt coincée entre les états baltes, la Pologne et l'Ukraine. Mais elle a toujours appartenu plus ou moins à la zone d'influence slave en général. En 1986, on y vivait encore un peu sur le mode médiéval.

 

Je crains que le monde moderne, dans son ensemble, accepte à présent de devoir subir un jour le même sort, et pas forcément à cause de l'atome, même s'il reste le candidat numéro un parmi nos fauteurs de malheur. La "bio-inginérie", la chimie des organophosphorés, la manipulation génétique des virus ... autant d'autres possibilités et j'en passe.

 

Il faut revenir en arrière. Nous ne devons pas abandonner nos connaissances, mais nous devons arrêter de modifier la nature à une vitesse tellement plus élevée que le cours spontané des choses, et manipuler des mécanismes, des quantités d'énergie ou des techniques tellement éloignées des phénomènes que l'homme ne modifie pas.

 

La "conquête spatiale", la chimie des lanthanides et des actinides ... plein d'autres: on n'en a pas besoin! 

Jadis, dans la "querelle des anciens et des modernes", il me semble que les progressistes avaient raison.

Maintenant, le seul but du "progrès" (so-called) est de nous faire acheter quelque chose dont on n'a pas besoin.

 

L'être humain n'est pas fait pour vivre centenaire.

On ne doit pas faire six fois le tour du globe chaque année.

On ne doit pas manger des tomates ni des cerises en toute saison.

On ne doit pas rouler à 160 km/heure ni raccourcir (je n'écris pas "tailler") six hectares de vigne en une journée.

 

Il faut revenir en arrière! 

 

 

 

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