1985 CHEZ GOULD & CAMPBELL: C'EST PAS DE LA SOUPE !

"Petite marque" et grand millésime, un excellent vintage
"Petite marque" et grand millésime, un excellent vintage

 

 

 

 

 

Le jeu de mots 

de mon titre

est digne de son auteur.

 

 

 

 

 

 

 

 

C'est un Irlandais du nom de Gould qui a quitté son île à la fin du 18ème siècle pour établir des bureaux à Lisbonne et à "Oporto", comme disent les Britanniques. Il s'est ensuite acoquiné non pas avec le marchand de soupe du New Jersey, mais avec une famille de banquiers et d'hommes d'affaires: Gould Campbell Port shippers était né.

 

Ce n'est qu'en 1970 que la marque rejoignit le giron, en croissance constante, de la famille Symington. L'importateur en Belgique et moi entretenions de bons rapports et j'ai eu pas mal de millésimes en cave. Cette marque ne possède aucune quinta et ses assemblages proviennent donc de fermiers situés tout autour de Pinhao et dans le Rio Torto. Jusqu'il y a 30 ans, peu de maisons de portos avaient l'habitude de faire rimer une marque avec des vignobles qu'elles possédaient en propre, même si les vintages de Taylor's (Vargellas), de Graham's (Malvedos), de Dow's (Bomfim) ... restent associés à des parcelles particulières. Même dans ce cas-là, leur meilleur assemblage fait également appel à d'autres provenances. Anciennement, c'est Ferreira qui détenait le plus de vignes, mais cela ne constituait que 30 % tout au plus de son approvisionnement. On a vu les choses évoluer avec l'avènement des singles quintas, suite à la modification de la règlementation concernant les stocks, notamment, en 1983 par là.

 

Gould Campbell appartient à l'espèce des vintages "solides", un peu durs même dans leur jeunesse, et élaborés pour une longue garde. Celui-ci ne fait pas exception. A l'ouverture (air connu), j'ai eu un peu peur qu'il fût passé. Au bout d'une heure de décanteur, et après un remuage énergique, la couleur est redevenue plus sombre et ce petit nez caractéristique de violettes et de cassis est apparu. C'est exactement CA qu'on aime dans un vintage évolué, le reste tenant à la puissance.

 

Plusieurs types de bleus reposaient sur mon plateau, dont quatre roqueforts (pas Société ni Papillon, je vous rassure) et le pain au levain ne manquait pas non plus. La vésicule n'a commencé à se plaindre que le lendemain matin.

 

Je suis un VC, vous le savez. Je pense que le tournant pris dans les années '90, pour satisfaire la clientèle japs et yanks, a permis au milieu du porto de faire connaître encore plus ses vintages et de rentrer du liquide. Mais je crains qu'il ne nous prive - je dis "nous" mais je n'y serai plus moi-même - de ces grands flacons tout au long du siècle qui vient. 

 

Pour simplifier, ma préférence personnelle va d'ordinaire aux exemplaires de Niepoort, Fonseca, Graham's et Noval, classiques et construits. Ce Gould Campbell-ci supporte honnêtement la comparaison. 

 

Beaucoup de plaisir, un brin de nostalgie et

aucune place laissée à l'évêque de Norwich.

 

 

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