UNE SORTE DE RETROUVAILLES

Notre hôte au Château d'Epiré, il y a plus de 20 ans
Notre hôte au Château d'Epiré, il y a plus de 20 ans

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Je vous relate

tout ceci de mémoire,

comme "au pied levé" ...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La responsable du marketing des antibiotiques auprès de la firme concurrente de la mienne, quand j'ai commencé à travailler pour enrichir mes ennemis naturels, les actionnaires des grands groupes pharmaceutiques, s'appelait Noëlle C ... C'était une Ligérienne intelligente et très distinguée avec qui j'entretenais des relations courtoises et respectueuses. Nous n'avons jamais échangé des informations professionnelles mais ne sommes jamais tombés non plus dans la petite "guégerre de firme", le summum de la mesquinerie. En outre, elle défendait des céphalosporines et moi des pénicillines, chacun avec honnêteté et un minimum d'objectivité. Plus tard, lorsque je suis devenu consultant indépendant, elle a d'ailleurs fait appel à moi, ainsi que sa collaboratrice Patricia, une pharmacienne brillante et sympathique (ça existe). Cette dernière est depuis lors devenue la pharmacienne en chef d'un grand hôpital belge, où elle est crainte et respectée. Le hasard a voulu que, lorsque j'ai loué - grâce au sponsoring parental - une péniche sur la Mayenne (débordant ensuite sur la Sarthe), le port d'embarquement fut Chenillé-Changé où, ayant pris sa retraite, notre Noëlle coulait des jours paisibles. Mon premier "plantage de piquet" eut lieu devant son jardin, sur la rive opposée à l'embarcadère. Ce fut une visite de politesse très cordiale.

 

Quelques jours de navigation paisible plus tard, après une série de raclages de bancs de sable et un abordage involontaire entre les portes d'une écluse, nous dormions au pied du mur de l'abbaye de Solesmes lorsque le chant grégorien des matines nous réveilla: magique. Je sais que la lithurgie refuse les accords mineurs, censés être porteurs d'un caractère érotique (?), et moi, l'amateur de Jazz, je suis nourri par les écarts "bizarres", mais ces braves moines m'ont fait forte impression, d'autant qu'ils ne savent pas "korte metten doen"! Cela n'a pas entraîné ma conversion, il ne faut pas exagérer. 

 

Et je pense que c'est à peu près à ce moment-là, sur le chemin du retour, que rendez-vous fut pris avec l'équipe du Château d'Epiré. On est venu nous cueillir à notre accostage pour nous faire visiter le corps d'église racheté au clergé qui sert de chai à barriques. C'est cela qu'on appelle "la séparation des mises et de l'Etat", en France! J'en garde un très bon souvenir.

 

Il faut dire qu'avec Marc Deconinck, Jean-Luc Golinvaut et William Druez, les créateurs d'une petite unité d'achat de vin pour un cercle d'amateurs avertis (appelé avec justesse sinon beaucoup d'originalité "Les Amis du Vin"), mon ami Michel Ingels (il sera ici à partir de vendredi prochain et je le salue par avance) et moi étions des fidèles du cru, tant pour ses blancs secs que pour le délicieux moelleux, mais aussi pour l'Anjou rouge. Mes autres "cantines " en face de l'île de Béhuard (et un peu plus loin aussi) étaient celles des frères Soulez et de l'adorable Monsieur Roussier et de sa femme. Je rendais parfois visite aussi à Mme de Jessey et à Mme Laroche, voire à la mère du gourou de la Coulée, avant son retour aux affaires. Ma relation avec lui est plus tendue (euphémisme). A l'époque, quasiment personne ne laissait la fermentation malo-lactique se faire, et je crois qu'ils avaient raison. 

 

J'ai envoyé copie de mon petit billet, c'est ma couttume, à la famille Bizard-Litzow et on m'a répondu (en substance): 

" Merci pour ce message. Il n'y a qu'un vigneron pour comprendre que c'est difficile de faire du vin. Quand un amateur se donne du mal pour écrire des mots vrais cela console du côté convenu de ce qu'on lit souvent aujourd'hui ...". C'est mon sentiment aussi, sauf que "je ne me donne pas de mal", j'adore écrire et cela me détend. 

 

Je suis très heureux d'avoir renoué le contact. D'une part, moi qui dégustais entre 300 et 400 vins par mois avant de devenir vigneron, je n'ai que très peu l'occasion de me pencher sur le vin des autres depuis 2005, car le domaine m'occupe à 120 % de mon temps. D'autre part, ma cave privée, jadis bien bien fournie, a fondu comme neige au soleil, d'autant que je bois deux fois plus de vin blanc que de rouge et ne produis que très peu de bouteilles de cette couleur. Dès que le Circuit à Bricoles (raison sociale modifiée) me lâchera la grappe, il est évident que Savennières sera une des premières appellations françaises dont je referai le plein: j'en suis friand. 

 

Merci à Luc Bizard du souci qu'il a eu de se manifester.

Il m'a confié que sa femme et lui étaient amateurs de rouges du sud.

Je serais honoré de les accueillir ici pour quelques jours.

 

 

 

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