LE CASOT DANS LE CAVEAU

Baptiste Ross-Bonneau, les "Casot" et votre Léon
Baptiste Ross-Bonneau, les "Casot" et votre Léon

 

 

 

 

 

Un endroit prestigieux 

pour une dégustation

d'exception

 

 

 

 

 

 

 

Je crois que c'est la toute première fois depuis l'existence du Domaine de la Coume Majou que j'ouvre ensemble les CINQ millésimes existant de la Cuvée du Casot. C'est donc à une verticale que je vous invite, amis lecteurs.

 

Feu mon père aimait à manger dans le beau restaurant de l'Hôtel de la Cité, à Carcassonne: la Barbacane. Je l'y ai accompagné à l'été 1995. La première fois que nos vins y ont été dégustés (et commandés), ce fut Christine toute seule qui rencontra Georges Gracia, dans le joli salon de l'hôtel. Toutes les fois suivantes, nous lui avons présenté nos vins à deux et il semble bien que son successeur, alors jeune apprenti - il n'est d'ailleurs toujours pas vieux - fut présent au moins à une occasion. Lorsqu'on fêta, dignement, mon anniversaire quelques années plus tard, c'est ce même sommelier, devenu en quelque sorte l'assistant, qui s'occupa de notre table. Et nous avons sympathisé. Et encore un peu plus tard, lorsque M. Gracia quitta ses fonctions pour entamer une autre aventure (caviste à quelques encablures de là), c'est toujours ce même personnage qui devint son successeur naturel. Lorsque les propriétaires ont inauguré la terrasse-brasserie qui fonctionne à la belle saison au Jardin de l'Evêché, c'est aussi lui qui officiait en "maître de cérémonie" (MC Pinard en quelque sorte).

 

Lui, c'est Baptiste Ross-Bonneau, issu d'une excellente famille vigneronne qui n'a néanmoins pas fait beaucoup de tapage médiatique à Châteauneuf-du-Pape. Les spécialistes en connaissent la qualité mais le grand public n'en entend pas trop parler. Les liens de Baptiste ont été soumis à rude épreuve par les circonstances de la vie, mais on sent bien que bat encore en lui le sang et la sève de ce beau vignoble, la plus vieille appellation de France et un de mes modèles, comme vous le savez. A l'occasion, nous essaierons de vous en dévoiler un peu plus.

 

Pour l'heure, le sosie de Steve Mc Queen, car il lui ressemble vraiment de manière frappante, ainsi que sa manière de se déplacer et de sourire aux gens, s'occupe surtout de faire vivre et tourner la belle cave de ses patrons, de créer des animations autour du vin du Languedoc et du Roussillon et ... de porter partout la bonne parole du cru Fitou, dont il est l'ambassadeur officiel. Je le suis sur ce point. Oh, tout le Fitou n'est pas excellent, mais quel cru peut se flatter de ne posséder que des ténors et aucun fausset? Mais il y a au moins dix propriétés - je ne les connais pas toutes - qui portent haut et fort la gloire de leurs grenaches et carignans. Pour moi, au moins pour sa portion en coteau, Fitou représente un peu le "meilleur des Corbières", en continuité avec Tautavel et Vingrau, qui lui sont contigus par la géographie et par l'esprit. 

 

Mais revenons à nos oignons à nous. Je vous ai déjà expliqué que Baptiste est "carignanophile". C'est d'ailleurs moi qui l'ai mis en rapport avec Michel Smith, "Monsieur Carignan". Mais il est aussi devenu "casotophile". Ce n'était donc que justice qu'il participât à ma petite visite de synthèse de ma cuvée haut de gamme. Je rappelle aux élèves dissipés qu'elle contient tout le jus d'une parcelle de grenache à Coumo d'en Miquelet (Saint-Paul-de-Fenouillet) plantée en 1982, qui appartenait au père de José, mon collaborateur, dont celui-ci m'a fait fermier à bail, et une quantité variable du carignan vendangé sur "La Loute" à Estagel.

 

Nous avons dégusté les millésimes "comme à la box'barraque", dans l'ordre chronologique remontant et sans les décanter.

 

Cuvée du Casot 2009: 300 litres de carignan sensationnel (pas de Loute en 2009), et tout le grenache de la parcelle. Je considère que c'est un des trois meilleurs vins que j'ai produits. La robe est toujours dense et noirâtre. Le nez s'ouvre sur du fumé et de la prune, ainsi que des notes de garrigue, d'olive noire. La bouche est encore fermée, trapue, avec beaucoup de volume et des tannins serrés. Ce vin ne présente pas d'aspérité mais je pense qu'il est urgent ... de l'attendre. Peut-être même dix ans encore.

Cuvée du Casot 2008: celui-ci fait la part belle, très belle, à ce grenache maurynate hypermûr (16,3 vol %). La robe est carmin foncé. Le nez part immédiatement vers le goudron, le bitume, l'empyreumatique et le fruit noir très mûr. En bouche, la matière est ample et ronde (glycérol) mais sans le brûlant qu'on aurait pu craindre à un tel degré. La trame tannique est serrée mais déjà très arrondie. On peut le boire dès à présent.

Cuvée du Casot 2007: je n'avais plus dégusté celui-ci depuis pas mal de temps: quelle puissance! Il contient en fait deux tiers de ce grenache extrême et un tiers de mon vieux carignan. La robe est très dense. Le nez part d'emblée vers la garrigue et la figue ou la tapenade d'olive noire. En bouche, volume, rondeur mais aussi une certaine chaleur. Ce vin sudiste, extrême, me plaît énormément, mais il faut l'attendre. 

Cuvée du Casot 2006: ici, le carignan et le grenache se partagent à peu près la cuvée. La robe commence à évoluer un peu (après dix années). Le nez est magnifiquement ouvert: en partie sur du fruit rouge, et en partie sur des arômes secondaires, très vineux. Voilà une météorite énorme dans la marre de ceux qui ne croient pas que l'arc méditerranéen sait offrir des vins à la fois très solaires et très fins. Un gros coup de coeur pour le moment.

Cuvée du Casot 2005: je ne vous livrerai pas la composition ... mais le grenache domine, et il a été vendangé durant la première semaine d'octobre, avec pas mal de raisins de type "Corinthe", que je n'ai PAS éliminés, contrairement à ce que les gourous de Talence ou les flying wine-makers préconisent. Ces anesthésiés du goût, ces maniaques de la barrique n'y comprennent rien. Enlevez-leur les agences de comm' et ils n'existent plus. La robe est carmin à pourpre, avec un petit début de tawny. Le nez , très méridional, file vers les terpènes et le bitumineux, et on ne peut s'empêcher de penser à un Amarone de belle facture (Tedesci, Masi ...). La bouche, grasse, volumineuse, n'en finit pas et a gardé une grande fraîcheur (concentration par l'évaporation solaire et par la tramontane de l'acide tartrique). Les dégustateurs prout-prout appellent cela tendu, malgré un alcool au-delà de 15,5 vol%. Je confesse un petit peu de sucre résiduel (3 gr par litre), ce qui n'est pas mon habitude. Mais ce fut ma toute première vinification à moi et le premier vin que j'aie jamais mis en bouteille: 3 étoiles au guide Hachette 2008.

Ils ne m'ont même pas donné le coup de coeur, quelle cuistrerie*! 

 

 

Voilà, mes amis. 

Merci à Baptiste de nous avoir offert le cadre du caveau pour cette première,

d'habitude réservé à un cercle restreint de clients privilégiés de l'hôtel,

et merci à sa stagiaire - une oenologue en formation - d'avoir dégusté avec Christine et moi.

 

 

 

* : je suis quand même très heureux de cette distinction, qui fut un "coup de pouce" pour mon moral de débutant.

     J'ai appris des années plus tard que des représentants locaux de l'INAO (et son directeur) avaient bien apprécié ce vin, et l'avaient soutenu.

    J'en suis fier et reconnaissant.

 

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Comments: 2
  • #1

    marc (Saturday, 14 May 2016 23:19)

    Précieux commentaires. Merci

  • #2

    Luc Charlier (Sunday, 15 May 2016 08:01)

    Merci Marc. Je les ai tirés d'une comédie en un acte intitulée: "Les Précieuses Viticoles".