DERIVE VIANDARDE DE LA METAPHYSIQUE POST-EXISTENTIELLE

Une image pardoxale de Marc Domb, mais pas à contre-emploi
Une image pardoxale de Marc Domb, mais pas à contre-emploi

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Un post difficile à écrire,

que j'offre à votre discussion,

à votre méditation,

à vos commentaires ...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le personnage exposé ici est à la fois extra-ordinaire, paradoxal, plein de certitudes et bourré d'interrogations. Il fait partie de mon cercle d'amis très intimes. En fait, ce cercle est aussi riche que la main gauche de Django Reinhardt; vous voyez comme ça swingue! 

 

Son frère puîné n'est autre que le créateur inspiré, animateur obstiné et patron charismatique du Parc Pairi-Daiza, où madame panda géant est en train de nous préparer des petits alors que les premiers dîneurs du restaurant russe Izba s'imbibent de la Cuvée Majou 2006 sous l'oeil prêt à intervenir d'un camion de pompiers mythique, en cas d'enthousiasme trop brûlant. 

 

Son frère cadet, juriste à l'interprétation inventive des textes de loi, est un conciliateur-médiateur juridique recherché et il a eu la gentillesse d'héberger la Loute chez lui pendant tout l'été 2015.

 

Son père, André, est la seule personne à avoir plongé son poing (et même ses deux mains) au plus profond de moi-même. Il en a ressorti un bon demi-litre de pus à anaérobies et des débris d'appendoche, tout droit sortis du fin fond de l'Asie Mineure où j'avais passé les vacances les plus excitantes de toute ma vie, entre une Grèce et une Turquie en guerre à l'époque, en compagnie de mon frère. Nous étions à peine de grands adolescents.

 

Ces événements créent des liens!

 

Marc a étudié la médecine, a exercé la chirurgie où il excellait et a dirigé une association de cliniques réputées, fonction où il ne s'est pas fait que des amis. En même temps que la médecine, il avait entamé des études de biologie, mais je pense qu'il les a interrompues entretemps, car son intérêt pour les femmes, particulièrement vif à l'époque et réciproqué au-delà de toute mesure, lui laissait trop peu de loisirs. Il était le meilleur étudiant de sa promotion, quasiment chaque année, et avait eu l'occasion de se faire examiner (à la faculté des sciences) par deux fois par le Prof. François Englert, qui a reçu en 2013 le prix Nobel de physique. Ce dernier a malheureusement été anobli également, ce qui me le rend nettement moins sympathique car je regrette quelquefois que la guillotine n'ait pas fini son travail. Si ceci peut éclairer votre lanterne ... En tout état de cause, ce scientifique de haute volée lui a par deux fois décerné la note de 20/20, ce que j'ai appris par la bande, expression que je trouve adéquate vu les circonstances.

 

En bref, ses questionnements ne sont pas ceux d'un demeuré, d'un primitif, ni d'un anarcho-gaucho-syndicalo primaire comme votre Léon.

 

Nous avons passé une semaine ensemble au mois de mars, dont vous avez lu des bribes. Il nous a accompagnés en clientèle et à la vigne, Christine et moi, mais nous avions aussi ménagé du temps libre pour rayonner, comme on dit du côté d'Echirolles. Ca va de ... soie.

 

Suite à nos discussions, il m'a envoyé une série d'idées qui renforcent ma propre quête intellectuelle, alors que Marc n'a aucune prédisposition révolutionnaire, égalitaire, libertaire ni même rebelle. Toutefois, je ne l'ai jamais connu sectaire, élitiste ni même "libéral" au sens propre.

 

Je pense qu'il ne m'en voudra pas si je résume maladroitemnt quelques-unes de ses idées, en y accolant mon propre commentaire. 

 

Tout d'abord, Marc estime que la "science actuelle" explique assez bien ce qui pourrait nous rendre tous plus heureux ou moins malheureux. Je suis d'accord avec lui. Notre connaissance éclairée devrait permettre d'éviter le pire et de gérer au mieux l'équation surpopulation - pollution - galvaudage des ressources. Par "science", lui comme moi entendons "psychologie expérimentale, biosciences, psychologie évolutive, mécanismes quantiques ..." (je cite). Il ajoute qu'elle remplace avantageusement les penseurs antiques, les mystiques et les pères des monothéismes, les utopistes (marxistes et autres) et même les existentialistes. Ici, il fait bon remarquer que les mathématiciens de la Grèce antique et que les scientifiques parmi les Lumières étaient souvent leurs penseurs les plus illustres et les plus féconds.

 

Voilà somme toute un constat qui paraîtra plein d'espoir, surtout dans le chef de deux cyniques pessimistes comme lui et moi. Il a aussi comme avantage de jeter la divinité aux orties: bon débarras.

 

Où cela se gâte, c'est - et je le rejoins totalement - quand il craint que notre espèce,  et peut-être le biotope qui nous entoure dans la foulée, ne disparaisse à très court terme: deux ou trois générations. Je suis, comme lui, intimement convaincu qu'un cataclysme provoqué par notre propre imbécilité et surtout notre absence de sens des responsabilités, va entraîner une apocalypse. On la voit souvent nucléaire, mais elle pourrait être virale, chimique, génétique, sociale, informatique ... Toutes ces forces pourraient nous anéantir. Marc n'en rend pas explicitement le capitalisme responsable, moi bien. Je pense que si Jérôme Bosch vivait encore maintenant, les banquiers et autres traders, ainsi que les grands capitaines d'industrie, rempliraient de leurs antipathiques silhouettes tous ses tryptiques et ses retables: un nouveau diable à fustiger.

 

Ensuite, son questionnement dépasse de loin le mien, car j'ai choisi la voie de la lâcheté, en bon adepte d'Arthur Schopenhauer que je suis. Je ne nourris aucun espoir et me contente, pour de bon, d'élaborer un peu de pinard sans conséquence en abandonnant à tout jamais l'espoir de sauver le monde. Le grand Onfray donne des leçons, moi j'avoue mon impuissance et, d'une certaine manière, mon indifférence égoïste. Triste fin désabusée d'un utopiste.

 

Réfléchissez plutôt à son alternative: vaut-il mieux préserver notre liberté individuelle (liée au consumérisme égoïste, chez les nantis en tout cas, mais c'est eux qui détiennent le pouvoir) et condamner ipso facto - j'en suis totalement convaincu,

comme lui - notre espèce et ce qui l'entoure? Ou bien faut-il définir de manière autoritaire (totalitaire donc!) le "bien" et le"mal" en fonction de critères de survie, si j'ai bien compris sa pensée! Cela reviendrait à limiter de manière drastique toute initiative privée et notre libre-arbitre. En fait, c'est un peu le sujet de la science-fiction depuis 60 ans. J'aimais beaucoup Barbarella, mais uniquement pour les cuisses de la belle Jane Fonda.

 

Et je reprends, le souffle coupé car c'était moi le "Pourceau d'Epicure ", comme il le dit, sa formule: " J’imagine plutôt la vie comme un partage, la jouissance des plaisirs épicuriens simples, et dans ce cadre une liberté non altérée.

Mais est-ce possible ? ". Or, il était sinon un ascète, du moins un modéré. L'aurais-je converti?

 

Revenons à l'illustration: la côte de boeuf, nous l'avons partagée entre nous trois et il a englouti sa ration à la vitesse de l'éclair. Marc a toujours mangé très vite. Je pense que sa digestion est une fonction dérivée (la première?) du temps, alors que moi je mastique selon une approche aléatoire (quantique?). Et le carafon contient cet incroyable vin d'Iris, les Echelles de Lisson, qu'hélas elle a cessé de produire.

 

Au moins ce flacon aura servi à délier la langue et l'esprit d'un nouveau converti.

 

 

 

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Comments: 2
  • #1

    Denis Boireau (Thursday, 19 May 2016 18:59)

    Penser le Bonheur / l'avenir de l'humanite en terme de bien et de mal est depasse depuis au moins Nietzsche, si ce n'est Spinoza.
    Le bouleversement du biotope est plus que probable mais je crois a l'adaptabilite de l'humain pour y survivre.
    Merci de nous secouer les neurones!

  • #2

    Luc Charlier (Thursday, 19 May 2016 20:30)

    Salut, Denis. C'est bien français, ça, de s'en référer d'abord aux "auteurs". Ca sent son "bac philo" et sa "dissertation". La "philo" est une matière qui ne s'enseigne pas en Belgique. Cela permet aux petits Belges de ne pas se farcir une énorme tarte comme votre Rousseau. Mais, plaisanterie à part, tu as compris que le "bien", mais aussi le "mal" de mon ami Marc - car c'est lui qui secoue les neurones - ne se vivent pas en termes d'éthique (voir ton Baruch, qui m'a beaucoup intéressé aussi) mais bien en termes d'utilité pour notre espèce. Je suis d'accord avec toi, comme avec lui, pour envisager comme une certitude un bouleversement PROFOND du biotope (Umwelt) mais je crois que nous n'aurons pas le TEMPS matériel de nous y adapter. Regarde Tchernobyl et Fukushima, qui furent deux avertissements "sérieux" mais pas encore ultimes. L'évolution prend du temps, surtout pour une espèce dont le renouvellement (la génération si tu préfères) se compte en décennies. Les mammouths ont disparu (à part dans le manche de mon couteau), l'Homo oenopotomanos disparaîtra aussi!