COMME UN BATEAU SANS VOILE

La nef, un bateau sans voile, comme  l'hexagone cette semaine
La nef, un bateau sans voile, comme l'hexagone cette semaine

 

 

 

 

 

Lors de notre courte visite

de découverte de Toulouse,

le 5 mai dernier: à l'église

des Jacobins

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Au moment où la France, menacée d'un retour en arrière social majeur par un gouvernement qui va à vau-l'eau et paralysée par des actions syndicales très efficaces, me fait l'effet d'un grand vaisseau sans propulsion, sans quille et sans safran, il me semble adéquat de vous offrir un instant de paix et de sérénité chez les ... Dominicains de Toulouse. Oui, les Dominicains, je ne vais pas à la dérive, moi.

 

Les Cathares ont été impitoyablement réprimés par les soudards du roi et de l'église et le Castillan Dominique de Guzman fonde un ordre de moines prêcheurs à Toulouse en 1216. La Sorbonne mise à part, ce sera aussi le berceau de la deuxième plus ancienne université de France.

 

Un couvent réunira en 1250 une centaine de frères. D'importants travaux dureront jusqu'à la moitié du 14ème siècle et, en 1369, ce sont les reliques de Thomas d'Aquin - enfin, si on y croit ! - qui sont recueillies par cette église "des Jacobins". Cette dénomination curieuse fait suite à une habitude prise à Paris, où les moines de l'ordre de Saint Dominique avaient élu domicile (à la manière du cordonnier Pamphile) à l'hospice Saint-Jacques dans la rue homonyme.

 

La révolution française - vous savez, ces troubles qui ont fini par remplacer les fermiers généraux par les préfets, l'administration des valets des nobliaux par les fonctionnaires de l'état et l'arbitraire du prince par les coucheries entre anciens de l'ENA  - a fermé l'édifice et transféré les précieuses reliques à la basilique Saint-Sernin si chère à Claude Nougaro. Après (1810), c'est Napoléon et ses troupes qui y installent une écurie. Il faut Prosper Mérimée (en 1847) pour entamer la restauration, qui dure encore de nos jours.

 

Comme la chrétienté a eu besoin de plus en plus du support des frères prêcheurs, le treizième siècle a vu un développement important de ce couvent et les fidèles venus les écouter sont devenus de plus en plus nombreux. On a donc agrandi l'église, vers l'est. Ensuite, on refait le choeur, on surélève la voûte, on érige l'important clocher et, finalement, on consacre aussi la chapelle de Saint-Antonin. Tout est dit, comme la messe, en 1341.

 

Ceci explique la curieuse disposition des lieux: on entre en fait dans une église, certes majestueuse, mais qui ne fut au départ qu'une annexe du couvent. Le maître-autel, bizarrement situé de manière excentrée et au niveau de la porte d'accès au couvent, pas du tout à l'extrémité de la nef, occupe en fait sa place originale. Une fois un autel consacré, on ne pouvait plus le déloger. Comme au Monopoly, celui qui les gros hôtels sur l'artère la plus importante possède toutes les chances d'y rester.

 

Et c'est l'édifice qui a grandi autour du centre de la prière,

comme une barbe à papa autour de son tuteur.

 

 

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Comments: 4
  • #1

    Marc (Thursday, 26 May 2016)

    Qui a lu cette fameuse loi? Un syndicat joue les révolutionnaires...normal nous sommes en France... met au chantage la presse... un pays qui laisse perplexe... gageons qu'il subsistera de moins en moins de cochons payeurs pour supporter les multiples profiteurs du système et il ne sont pas toujours chez les patrons... et dans l'absolu tout cela n'est-il pas un combat rétrograde face au tsunami que la révolution numérique et cognitive amène? A quoi servira encore un conducteur de la RATP, un policier, un ouvrier... dans 50 ou même 30 ans? Qui en parle?

  • #2

    Luc Charlier (Thursday, 26 May 2016 20:17)

    Marc (celui du GDL je suppose), ton intervention serait encore plus à propos sur mon billet précédent. En ce qui me concerne, je n'ai pas téléchargé le texte intégral, indigeste, mais ai étudié les condensés techniques qui disent tous la même chose, et que personne ne conteste d'ailleurs. Je pense même avoir écrit que ce texte s'inscrit de manière légitime dans une logique libérale. Tu sais que je la réfute de tout mon être. Je partage ta perplexité face à la dualité de la France. En plus, j'y vis. Les profiteurs du système que tu dénonces avec raison sont nombreux, mais pas innombrables. Et les patrons ne sont pas des profiteurs du sytème: ils sont ses créateurs et ses utilisateurs. On parle des "tout grands" bien sûr, de ceux à 1 M d'euros par an (et plus). Dans mon monde à moi, je les spolierais tout simplement, par décret, "gans und gar". Mais là nous ne serons pas d'accord. Quant à ta révolurion numérique, que ni toi ni moi ne verrons, elle n'existe que chez IBM ou Xerox, en rêve. C'est la méthode Coué. Soit une catastrophe écologique interviendra (nucléaire, génétique, chimique, bactériologique, immunitaire ... quantique même), soit le "peuple des intelligents" (pas des vieux hippies retombant d'un "bad trip") reprendra ses esprits et fera un ENORME retour en arrière: dénatalité, décroissance, déflation ... Ghandi sans les utopies de Ghandi. On s'en fout de toute ta robotique. "Ho ho deep in my heart, I do believe". Merci de ta contribution. Tu sais que je n'aime pas discuter avec les gens qui pensent exactement comme moi, cela n'apporte rien à personne. Nos deux convictions permettent par contre des échanges instructifs, lors de notre prochaine rencontre. Je n'essaierai pas de te contredire, j'écouterai ton argumentation. Mais pour une fois, c'est ton système qui est onirique. Et quand le conducteur musclé d'un fiacre foutra son fouet dans le trou de balle d'un patron d'une multinationale numérique, je rierai, rierai, rierai aux éclats. Moi, je ne suis pas violent de nature. Hasta siempre.

  • #3

    Marc "GDL" (Thursday, 26 May 2016 22:44)

    Tu pardonneras le fait que je ne réagisse qu'à contretemps au torrent impétueux de tes diatribes, souvent justifiées. Je te remercie par ailleurs de me concéder du rêve et de la poésie, notre quotidien en a bien besoin.

    En tout état de cause, nous nous sommes, toi comme moi perplexe face à l'avenir de notre "humanité" même si nous ne nous accordons pas sur les causes de l'armageddon.

    Tout comme toi, je rêve de voir la France se mobiliser et bloquer la vie économique pour obtenir la suppression des multiples substances chimiques qui empoisonnent nos existences…doux rêve encore.

    Plus sérieusement, j'ai entendu une syndicaliste brillante et non cegetiste défendre avec des arguments qui m'ont semblé rationnels la loi si vilipendée par la CGT. Ne cédons donc pas au manichéisme en la traitant de « jaune » et interrogeons nous sur la qualité du dialogue social…

    Eh oui, le monde change et le rythme auquel il va changer s'accélère à une vitesse que tu sembles pas vouloir accepter ou percevoir. Je te le concède, je suis à un avant poste des progrès de la technologie « cognitive » et c’est précisément ce que j’entrevois se mettre en place qui me fait peur parce que cela me semble inéluctable. C’est à la fois un gage de libération et d’interrogation. Le “progrès fait rage et le point d'inflexion est atteint ou dépassé. C’est ce qui me laisse songeur dans le combat d’arrière garde du corporatisme CGTiste. Bad cop, good cop… je te le concède il en faut… mais tout cela me semble tellement dépassé par rapport à ce qui se met en place. Peut être n’en verront nous pas toutes les conséquences, mais nous les subirons plus vite que tu ne le penses.

    Reste le point ouvert selon moi de l’attitude à adopter face à ces bouleversements. La clef est dans les générations qui viennent et qui seront confrontées à de bien plus sérieux défis que la révision des 20.000 pages de la législation du travail en France. Rêvons en pensant qu’elle saura résister à l’appel des populistes et autres poujadistes/hitlériens (les extrêmes se rejoignent toujours dans la bêtise) qui en feront leur beurre. L’Europe est en passe de désintégration et ouvre la porte au pire… mais sans doute l’avenir se joue-t-il déjà ailleurs…

    Au plaisir d’en discourrir de manière plus subtile…

  • #4

    Luc Charlier (Thursday, 26 May 2016 23:00)

    A peu près d'accord avec tous ces enjeux. Un peu "spectateur" (à 60 ans, c'est forcé).
    Oui, on en discutera bientôt (séjour en B à la mi-juin, dates et itinéraire encore à peaufiner).