LE TOUT-ANNECY CHEZ ERIC SAPET

 

 

 

 

Marielle et Romain

vivent depuis 

plusieurs mois

à Annecy.

 

 

 

 

 

 

 

Lui, c'est sa ville d'origine, ainsi qu'à ses ... quatre frères, tandis que Marielle y poursuit un stage de formation qui lui permettra d'arborer un brevet de maître-nageur officiel. Ces deux-là sautent donc d'un hélicoptère sur un plongeoir, puis d'un kite-surf sur un catamaran pour atterrir sur des "paddles", le tout avec leur chienne Betty, bien entendu. Neige, glacier, vent, vagues, glisse ... peu importe, cela se termine à table. Voilà heureusement des djeuns très sportifs , puisque c'est même ainsi qu'ils gagnent tous deux leur vie, mais qui sont de très bonnes fourchettes.

 

Deux des frères de Romain, les aînés si j'ai bien compris, habitent la périphérie de Nîmes, dans une bohème transformée en lieu- à-vivre communautaire, chaque habitant ayant aménagé en bungalow confortable des anciens camions, semi-remorques etc ... C'est à celui qui aura la plus belle customization: coin-bar en marquetterie de bois précieux, chambre-à-coucher design, que sais-je encore . Un des occupants de la propriété a complètement retapé un ancien camion de QG des pompiers gardois, qui roule encore, et est "street-legal", rouge vermillon et tout! Il y vit. Nous n'avons malheureusement pas eu l'occasion d'aller visiter l'endroit. 

 

Deux autres frères de Romain, les cadets si j'ai toujours bien suivi, sont jumeaux et plutôt matheux. Ils terminent cette année des études "style ingénieur". Moi, je ne suis pas spécialiste et ne m'y retrouve pas dès qu'il s'agit de mathématique.

 

Ce petit monde, bientôt rejoint par les parents au grand complet, c'est à dire le père unique et la mère unique - joli exemple de persévérance - a décidé d'aller admirer le spectacle "Son et Lumière" organisé en juin avec le Pont du Gard comme écran, écrin et toile de fond. Voilà l'occasion rêvée pour Christine la mère poule d'aller retrouver son bébé (28 ans), tout en me convainquant sans peine d'être du voyage. Le prétexte tout trouvé fut une livraison à faire avant l'été pour un de nos restaurants préférés, qui est aussi le chouchou de ma mère: chez Eric Sapet dans sa Petite Maison au bord de la vasque d'eau (= étang) en plein centre de Cucuron la luberonaise.

 

En effet, l'été qui arrive enfin a décidé le chef de proposer à ses clients nos "vins d'été" à nous. Vous y trouverez en bonne place la Cuvée Civale (blanc sec de macabeu) 2014 et l'Eglise de Coume Majou 2008, dont l'assemblage est dominé par du grenache élégant et fruité, parfait à boire . Fin de mon petit spot publicitaire perso. 

 

Faire tout ce chemin, passer devant la statue du Tambour d'Arcole en traversant le village voisin, Cadenet, et ne pas croquer chez Monsieur Sapet n'aurait pas été raisonnable. Nous y avons donc convié Marielle et Romain. Leur amour de la table les amène à apprécier la gastronomie, mais ce genre d'occasion est quand même "spéciale", même pour des gourmands. Après avoir longtemps réfléchi (!), ils ont accepté de suivre les chemins de traverse avec nous, découvrant ainsi les Alpilles et tout l'arrière-pays de Cavaillon (Saint-Rémy - Maussane - Eygalière) , avant de passer la Durance et de tourner autour du Petit Luberon (Mallemort - Merindol), pout filer plein est entre la rivière et le flanc du Grand Luberon en direction de Pertuis. 

 

Vous savez que je ne m'érige pas en critique gastronomique, par peur du ridicule qui accompagne généralement leur posture, mais je ne puis cacher que le "menu Maison" nous a baladés du thon et ses copeaux de pata negra jusqu'au dessert, en passant par un paleron de veau fondant et succulent, au sens propre du terme, près duquel les pointes d'asperges (blanches et vertes) disputaient la prééminence aux giroles-clous, le tout rehaussé du jus de cuisson très corsé. Mon diabétologue sera heureux d'apprendre (35 UI de rapide à la fin du repas) que c'est un clafoutis aux cerises qui servit de point d'orgue - enfin, avant les migardises. Comme je faisais humblement remarquer au chef que son "clafoutis" - j'y reviendrai - avait pris des dimensions inhabituelles, il a ri en me répondant: "Vous savez, il y a autant de recettes que de gens qui le font". Chez Sapet, le clafoutis (aux cerises dénoyautées, merci pour ma dentition) est en fait un gigantesque "financier circulaire" ... à se partager. En effet, l'appareil contient tellement d'amande écrasée et tellement de bon beurre noisette qu'il en devient presque la vedette et non pas le fond. Et puis, on vous offre "par-dessus tout ça", comme dans les chansons où G. Bécaud décrit les marchés de Provence, un parfait à la pistache et un coulis de framboise "van de bovenste plank".

 

Nous avons, quant à nous, partagé notre clafoutis avec les convives qui occupaient la table derrière la nôtre. Je leur en ai beaucoup voulu, non pas que le premier service ait été chiche, mais bien car, gourmand que je suis, j'aurais bien pris une repasse ... pour terminer toute ma seringue d'insuline. On n'est pas à une dizaine d'unités près. Toutefois, la présence de ces autres dîneurs m'a permis de goûter un rouge que je ne connaissais pas. 

 

Ecoutez plutôt ce que je vais vous narrer.

 

Deux hommes font leur apparition et prennent place derrière nous - soixante-dix ans ou légèrement en-dessous - passent leur commande et intiment à Camille, la fée de la Petite Maison, à la fois maîtresse de salle, sommelière, aide-mémoire du chef, caissière, nounou pour les landaux des jeunes mamans attablées, groom pour les chiens des clients etc ... de "Dire à Eric de leur apporter un vin rouge bon et pas dispendieux". Glups! C'est de l'humour bien sûr mais, dans mon dos, le ton est très sûr de soi et même un peu hautain. Moi, je te me les aurais envoyés balader d'une répartie un peu caustique. Oui mais voilà, je ne suis pas la sommelière adroite d'un restaurant étoilé. 

 

Trois minutes plus tard, une coupe à décanter évasée et un Côtes-de-Provence de derrière les fagôts font leur apparition. Là aussi, nous avons ... partagé. Non pas leur bouteille, mais sa semblable. Camille nous a expliqué, et le patron a confirmé, qu'ils avaient eu un coup de coeur pour ce Domaine de la Mascaronne 2005, et acquis ce qui restait au domaine. Je ne connais pas cette propriété varoise (située au Luc) qui a d'ailleurs changé de mains pour appartenir à un investisseur américain, mais ce vin-ci était exquis, prêt à vivre dix ans encore. Je pense qu'il s'agit d'un assemblage de syrah et de mourvèdre, avec sans doute un peu de grenache. Maintenant, dans ce coin plutôt argileux du Var, si on laisse bien mûrir les cabernets (et il y en existe par là-bas), ils en imposent parfois pour du mourvèdre au bout d'un certain temps. L'étiquette ne disait rien à ce sujet. Nous non plus, je ne parle pas pendant que je bois du bon vin ! 

 

Encore un grand merci au chef et à son équipe pour l'accueil parfait (comme toujours).

Merci à Christine d'avoir eu l'idée de combiner travail (la livraison), plaisir (la table),

culture (les illuminations de l'aqueduc gallo-romain) et famille (sa fifille chérie).

Merci au deux djeuns pour leur bonne humeur et leur enthousiasme.

Et merci à moi pour tout le reste! C'est à refaire et nous le referons.