STIVO, MIQUELET, LES CHEVREAUX ET MOI

Etienne dans ses oeuvres
Etienne dans ses oeuvres

 

 

 

 

 

 

Ni "petit chef" ni Santoku,

ni Solingen ni Miyabi,

à Bonnanech, pour la découpe,

c'est Etienne qui nous ravit.

 

 

 

 

 

 

 

 

Je vous ai parlé ICI de la soirée d'anniversaire très réussie chez Alison. Je savais par avance qu'il n'en irait pas autrement, car le sacrifice peu expiatoire de petits "boers" m'avait mis ... la puce à l'oreille, et pas que! 

 

Cette communauté villageoise fait la part belle à la solidarité. Ainsi, Etienne, le voisin qui sait tout faire et se coupe en quatre pour donner un coup de main, a installé un long tuyau métallique faisant office de broche sur des soutiens verticaux. Il a couplé l'extrémité de ce "kebab" improvisé à un plateau de dérailleur de grande taille. Mon pharmacien - qui, forcément, s'y connaît en vélo - me dit que c'est un  54 dents. Plus loin une grosse batterie (100 Amp/heure) de tracteur fait tourner un moteur d'essuie-glaces qui entraîne un petit pignon de tondeuse. Entre le plateau et le pignon ... une chaîne comme il se doit. Et voilà un tourne-broche ingénieux. Même Cancellara n'aurait pas fait mieux.

 

Sous les carcasses dûment farcies et ligotées, car ce sont elles qui profitaient de ce bronzage progressif sur toutes leurs faces, du charbon de bois rougeoyait joyeusement, comme on dit chez Anne du côté de Limoux.

 

Il a fallu bien bon trois heures de cuisson douce pour qu'Etienne puisse exercer ses talents bouchers. L'image vous le montre au milieu des verres de bière que nous venions subrepticement abandonner pour assurer son hydratation continue. La brasseuse, très élégante dans une brassière propre, nous avait concocté une cuvée spéciale "Alison" au houblon belge, très peu sucrée, ayant bien fermenté (8 vol %) et au léger accent de Brett. Il ne lui manquait qu'un tout petit peu de cet affinage que seul procure le temps qui passe pour être absolument parfaite. Je m'en suis slurpé d'envergure. Bravo, ma petite Nelly, continue comme cela. 

 

Stivo, le bouc de race boer (prononcé "bohère" en France) qui avait envoyé paître Alison d'un coup de cornes bien ajusté a modifié depuis 3 saisons de saillie la configuration générale du troupeau. Les qualités laitières sont conservées mais, en plus, les petits chevreaux mâles ont acquis une valeur marchande supérieure car leur carcasse se valorise mieux, d'une part, et d'autre part en raison de la qualité gustative de leur viande. Celle-ci est savoureuse mais discrète (à l'instar du lapin), tendre et peu filandreuse. Notre ami François Bassas (Pamiers) nous avait préparé il y a quelques mois de la viande de chevreau sous la mère absolument succulente. Le seul hic: Alison me signale que ces petites bêtes avalent très rapidement 2 litres de lait par jour, et jusque 6 litres en fin d'élevage. Le rendement économique n'est pas forcément favorable.

 

A table, j'ai sorti mine de rien une Cuvée Miquelet 2005, proposée en carafe. Une voisine de table m'a déclaré: " Il serait temps que j'investisse un budget un peu plus considérable dans mes achats de vin. Celui-ci est nettement plus agréable". Les deux ou trois convives les plus experts sont venus nous voir, Christine et moi, pour nous confier tout le bien qu'ils ont pensé de ce breuvage. Or, pour tout vous dire, la bouteille sortait en droite ligne de la malle de la voiture (750 km de mauvais traitement) car nous avons obligeamment repris un carton à un restaurateur qui trouvait que "le vin a mal vieilli". Franz Lehar a bien raison: 

 

"Immer nur lächeln und immer vergnügt,

Immer zufrieden, wie's immer sich fügt.

Lächeln trotz Weh und tausend Schmerzen,

Doch wie’s da drin aussieht, geht niemand etwas an."

Quel métier!

Un deuxième flacon de même provenance nous a ravis avant-hier soir, légèrement rafraîchi, pour accompagner de la hampe de race Aubrac. Il était surprenant de fraîcheur et de jeunesse. Si je pouvais "mal veillir" ainsi, moi, comme je serais content! 

 

En conclusion, merci à Alison, merci à Stivo, merci à Nelly, merci à Etienne,

merci aux pâtissières du jour et merci à mézigue pour le pinard.

 

 

 

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