UN HOMME DROIT, INTELLIGENT, VISIONNAIRE ET ... BAILLONNE

Une belle image
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Au moment où tous 

les faux-culs 

de la république

- et Dieu sait s'il y en a -

lui rendent hommage,

je vais pousser

un couplet différent.

 

 

 

 

 

Non pas que je ne souhaite pas lui rendre hommage, loin de là, mais parce que mon souvenir ne repose pas sur les mêmes méchanismes.

 

Il avait l'âge de ma mère, et il existe donc un décalage dans le temps entre sa vie et mon parcours personnel. 

Du temps où Mitterrand s'opposait à De Gaulle, presque sur tout pour autant que ma conscience politique pût en percevoir le fondement, je trouvais que l'homme à la francisque avait souvent raison dans son argumentation. Ensuite, lorsque c'est Michel Rocard qui s'est opposé à Mitterrand - et ce dernier l'a toujours très habilement baillonné - j'ai eu l'impression que c'est le premier qui avait raison. L'impression. C'est comme cela que se joue la politique, la Realpolitik, sur des impressions car on n'est jamais sûr de rien. C'est l'histoire, des années après, qui montre (pas toujours) qui avait fait le bon choix, mené la bonne action.

 

Pour moi, le PSU, la SFIO ... ce sont des données apprises dans les livres. Elles ne concernaient que très peu mon cosmos politique de jeune Belge proche de la mouvance collectiviste par le coeur. Quand j'entends les surnoms qu'on lui a accollés, "le socialiste des Américains", "le socialiste de droite", je trouve qu'on n'a rien saisi à sa pensée. Il faut dire qu'il s'exprimait très mal (oui, oui). Sa diction était imparfaite, ses phrases trop longues. Mais, si on s'accrochait, et plus encore maintenant qu'on peut ré-écouter des interviews ou des discours, on s'apercevait de la finesse de ses analyses, de la profondeur de leurs critiques. 

 

Je crois que M. Rocard était généreux. Il me semble qu'il défendait ce qui constitue l'essence même de la pensée "de gauche": la redistribution (des revenus et des récompenses en tout genre, mais aussi du travail et de l'effort). Il a compris, et expliqué, même s'il m'a fallu beaucoup de temps pour le suivre entièrement, que rien ne peut se faire contre le marché, les marchés, càd les banques, les capitalistes, les "gros" nantis: les "happy few" en quelque sorte. Sauf à les éliminer physiquement, ce qui reste une option envisageable mais lui n'était pas, je crois, un révolutionnaire sanguinaire. 

 

Dernier volet à mes rudimentaires petites remarques: son protestantisme. Je ne parle pas de sa foi. Je ne la connais pas et à vrai dire cela m'intéresse peu. Non, j'entends l'attitude d'intégrité profonde (réelle, simulée?) qu'adoptent souvent, très souvent, les gens de cette confession. Je ne vais pas réécrire Weber mais il est surprenant de constater combien l'âpreté au gain et la déculpabilisation face à l'argent que porte en elle l'église réformée s'associe à une probité rigide, que j'approuve. Bien sûr, le pouvoir corrompt et, dans une certaine mesure, il est clair qu'on pourrait trouver des poux à des gens comme M. Rocard, J. Delors ou D. Jospin, en cherchant bien. Mais, en gros, l'enrichissment personnel, le népotisme, la gloriole ne semblent pas au centre de leurs préoccupations. Oh, je sais, les généralisations sont dangereuses et mènent à des platitudes. Mais sans généraliser un peu, on ne peut discuter de rien.

 

Voilà, moi, j'étais un de vos fans, M. Rocard. S'il faut abandoner toute idée révolutionnaire - ce dont je ne suis toujours pas convaincu mais mon âge a diminué mes côtés belliqueux - c'est sans doute votre conception d'une société plus juste (pas "égalitaire") mais pas bisounours que j'adopterais. Ce n'est pas de la social-démocratie (une tromperie digne du théâtre aux armées), c'est une gauche tenant compte du monde. Les Grecs ont essayé de s'en passer, et Podemos suit le même chemin en Espagne. Ils n'iront hélas pas loin.

 

Je ne crois pas à votre paradis, même pour les justes correctement prédestinés.

Adieu. 

 

 

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