IL Y A QUARANTE-NEUF ANS DEJA ET RIEN N'A CHANGE

 C'est à droite sur la photo que T. Simpson est tombé
C'est à droite sur la photo que T. Simpson est tombé

 

 

 

 

 

Je suis monté deux fois 

au Mont Ventoux ...

en voiture.

 

 

 

 

 

 

 

 

Cette montagne "chauve", très largement calcaire et parcourue d'un réseau karstique important, sert traditionnellement de frontière entre les parlers occitans du nord et ceux du sud. Elle sert aussi de juge de paix (?) aux cyclistes du Tour de France, notamment quand on place l'arrivée de l'étape au sommet. 

 

Le 13 juillet 1967, il y a 49 ans, l'Anglais Tom Simpson est tombé de sa selle à peu près à hauteur du virage que vous observez au bout de la route qui coupe mon cliché en deux. On est à un bon kilomètre de l'arrivée et la pente est proche de 10 %. Il a repris son ascension pendant quelques mètres et s'est ensuite effondré pour de bon. Epuisement, troubles digestifs, déshydratation et combinaison d'alcool et d'amphétamines ont eu raison d'une formidable mécanique humaine ... pour la plus grande gloire des annonceurs, des chaînes de télévision, des spectateurs. Un mémorial en pierre sombre a été planté sur le talus, à côté de la route. Demain, la caravane emprunte le même chemin. Les produits ont changé, la vitesse d'ascension a encore progressé et le show doit continuer.

 

Il y a deux ou trois ans, c'est dans un petit restaurant au pied de la montagne que nous avions rencontré le patron, un ancien très bon coureur amateur - il montait en moins d'une heure trente - qui avait renoncé à signer son contrat de pro parce qu'on y incluait des clauses stipulant qu'il ne refuserait pas les compléments "alimentaires" que l'équipe lui administrerait. Nous avions mangé un lunch savoureux chez lui et l'ascension, parsemée de cyclo-touristes de tous âges et grimpant à toutes les allures possibles, parfois presque en "sur place" sur les pédales, m'avait paru surhumaine. Les virages de la montée vers l'Alpe d'Huez, et celle, pyrénéenne cette fois, vers le col du Tourmalet, m'ont fait le même effet. 

 

Chaque année, plus de 25 enthousiastes, bien entraînés parfois mais pas constamment, sont relevés mort par le SAMU sur la route du Ventoux. On ne compte pas dans ce nombre tous ceux qui décèdent dans les hôpitaux de la région. Indépendamment de la douleur de leurs proches, cela vaut-il les frais médicaux déployés pour limiter cette casse? Bien sûr, d'autres disciplines partagent ce privilège de la dangerosité (moto, ski hors piste, saut d'obstacle, parapente, courses en montagne  ...) mais là, le risque provient le plus souvent de la pratique elle-même, ou de sa vitesse, pas des pressions inadmissibles sur l'organisme des pratiquants. La plongée extrême en apnée est un autre exemple de cette absurdité.

 

Pourtant, la montée vers le sommet est splendide, entre les vignes d'abord, puis en forêt, et enfin sur cette zone désertique et blanchâtre, extra-terrestre, inhumaine. Attention, loin de moi l'idée d'interdire le Ventoux aux cyclistes, cela fait partie du libre-arbitre de chacun. Mais il faudrait peut-être exiger (comment?) la preuve d'un minimum d'entraînement et pratiquer un examen physique et cardiologique préalable. Il faudrait aussi une assurance personnelle qui garantisse la prise en charge des frais médicaux occasionnés, secours sur place y compris. Je ne vois pas pourquoi la collectivité doit assumer ces dépenses.

 

Il ne faut pas oublier que, au-delà d'un certain degré d'effort, l'organisme perd la notion de ses limites. C'est d'ailleurs ce que recherchent les acharnés.

 

Mais ... Dieu que la montagne est belle! 

 

 

 

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