JE SERS DE RELAIS

 

 

 

 

 

 

 

 

Cette lettre ouverte

a été publiée en 2009

dans le Nouvel Observateur.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Je me suis toujours senti à l'unisson de Robert Badinter au cours de son combat contre la peine de mort, et n'ai pas changé d'avis depuis son abolition dans le droit français. Son épouse, Elisabeth, qu'on ne peut soupçonner de misogynie ni d'antiféminisme et dont les racines à la fois de "bonne bourgeoise catholique" et de petite-fille d'immigrés juifs russes, ancrée à gauche mais à la tête de Publicis quand même, un des gros groupes de publicité au monde, permettent un certain recul, a écrit un texte court et mesuré qui traduit assez bien mes vues aussi.

 

Je suis chagriné par l'attitude assez panurgéenne d'une partie de la gauche et d'une partie des féministes bon ton qui veulent réussir le grand écart entre un respect du souhait de certaines de s'inscrire dans une obligation pseudo-religieuse - droit que je leur reconnais - et le maintien de leur liberté de femme de ne pas se soumettre au diktat des bonzes (masculins) qui gèrent la bienséance de leur clan.

 

Il me semble que le sectarisme et la rigueur doctrinaire ne sont pas de mise ici.

 

Si, par piété, une musulmane pratiquante, jeune ou moins jeune, se sent plus confortable avec un voile de tête, celui-ci ne me gêne nullement et je regrette qu'il soit interdit, même à l'école. Mais je déplore de la même manière qu'elle ait besoin de ce signe extérieur pour se sentir bien dans sa foi.

 

Si, par piété toujours, la même femme souhaite se baigner en mer en portant un burkini, je n'y vois pas non plus d'inconvénient.

Dans une piscine publique, par contre, où on interdit jusqu'au bermuda (pour des raisons d'hygiène), il me semble que cette tenue ne convient pas.

 

A l'opposé, la burqa, telle qu'on l'a découverte au début de l'intégrisme afghan et puis retrouvée en Arabie saoudite (et quelques autres états du golfe), avec disparition totale de l'identité corporelle et surtout dissimulation totale du visage et jusqu'au regard, me paraît une atteinte absolue à l'integrité de la femme en général et de celle qu'on force à porter cet accoutrement en particulier. Je ne peux imaginer qu'un être sensé souhaitât porter cela en dehors de toute autre contrainte ou influence coercitive ou simplement normative. En outre, ce vêtement est contraire à "notre " règle qui exige que nos actions publiques puissent nous être imputées, càd que nous puissions à tout moment être identifié(e)s. 

 

Je pense que le monde appartient à tout le monde - à l'inverse de beaucoup de Français qui considèrent que la France est à eux avant tout - et suis moi-même un expatrié. En contrepartie, il me semble alors qu'on peut attendre de ceux qui sinstallent quelque part qu'ils s'inscrivent de manière harmonieuse dans le nouvel environnement qu'ils ont choisi, même si ce choix n'est pas toujours entièrement libre (réfugiés, famille d'expatriés, déportés ...).

 

De manière harmonieuse ... voilà bien le débat. 

 

 

PS: Pour différentes raisons, et notamment parce que la vie matérielle de néo-vignerons n'est pas simple, parce que je vieillis et que mon potentiel d'enthousiasme s'épuise doucement, mais surtout parce que la gouvernance de ce pays prend une tournure qui me plaît de moins en moins, je ne suis pas totalement heureux en France. Je ne choisirais plus ce pays comme terre d'adoption si j'avais à recommencer. Mais tout m'y retient: ma vie personnelle, ma vie professionnelle et mes vignes, le peu de patrimoine que je possède. J'essaie donc de continuer à m'y comporter de manière "normale", ce qui n'exclut pas une critique constructive. L'alternative, quand un pays ne convient pas, c'est de s'en aller. Je pense de même pour les contraintes vestimentaires. Je n'accepterais plus, moi, de devoir porter un costume trois pièces, même de bonne facture et élégant. Et je dégagerais! De même, je ne pourrais accepter qu'on m'obligeât à porter le fèz (chèche, chechia), le turban ou la kippa.

 

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