PAS DE CARIGNAN

Rien que la - triste - vérité
Rien que la - triste - vérité

 

 

 

 

 

 

Je vous jure que 

je ne montre 

que la vérité,

toute la vérité ...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Par rapport aux débuts du domaine, certaines parcelles ont disparu. 

Il en va ainsi du carignan de bas-fond à Saint-Paul de Fenouillet: la Coumo de Miquelet. Il n'était pas très savoureux et il était particulièrement sujet à l'oïdium (ruisseau qui le longeait et brumes matinales sur le secteur). Enfin, José y a connu un souci de "désherbage" au début de ma reprise. J'ai renoncé à cette partie du bail et il a fini par l'arracher.

Le carignan du Roc Blanc m'a fourni des raisins somptueux en 2011: il constitue un tiers de la Cuvée Roc Blanc 2011 et une petite partie de la Loute 2011, parmi les trois  meilleurs vins que j'ai produits. Pour le reste, il fut bon en 2006 et 2007: full stop! J'arrête cette année d'exploiter ce vacant communal, réellement trop aride.

Au Rec d'en Cruels, jolie vignette dont le pourtour sert de bauge à de nombreux sangliers, le tiers avant a été fort abîmé par un incendie en 2009 (je crois), le tiers moyen est trop difficile d'accès (et donc mal traité) et seule la partie arrière vaut la peine. Je vais y fournir un gros effort cette année.

Au Rec d'en Fourtou, la qualité a toujours dépassé nos espérances mais l'accès direct (buses en béton formant passerelle) a été emporté par un orage il y a trois ans et, cette année, la sécheresse m'a privé de tout raisin (2 seaux que je suis allé vendanger moi-même dimanche dernier, symboliquement). 

Enfin, la "vigne de la Loute" tout en haut de Alt de Coume Majou constitue le nec plus ultra. Enfin, normalement.

La "grappe" que je vous montre est une des seules qui ait poussé. Sa taille minuscule apparaît clairement dans la soucoupe à café que je vous présente. Pourtant, elle a été taillée très tôt et on n'a observé aucune maladie. La sécheresse a eu raison de la bonne volonté de la dame née en 1922. 

 

Conclusion: pas de carignan en 2016!

 

 

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Comments: 7
  • #1

    Michel Smith (Monday, 26 September 2016 10:22)

    Quel triste nouvelle ! Espérons tout de même que les autres cépages t'ont donné satisfaction... Par contraste, notre vigne du Puch a produit un Carignan de qualité, le plus beau peut-être de notre aventure commencée en 2009. Je te garderai un flacon ! ;-)

  • #2

    Luc Charlier (Monday, 26 September 2016 10:33)

    Merci, Michel. Je paie le prix de choix audacieux et risqués. A l'origine, j'ai surtout pris des vieilles vignes de coteau, sur chiste et cette année-ci, tout a morflé. Pas de désherbant, pas d'eau et pas d'engrais ==> peu ou pas de raisin. Le grenache de Saint-Paul, planté en 1995 et qui n'est guère enherbé, ne m'a pas donné 1500 kg de raisin sur 1,8 ha !!!!!! Et les sangliers ont dévasté la syrah à Majou (25 caisses de vendange au lieu de passé 200 d'habitude).
    Prenons les choses du bon côté: cela n'alourdira pas mes frais de stockage.

  • #3

    Michel de Lacave (Monday, 26 September 2016 12:25)

    Suggérons de cuisiner le sanglier exclusivement après une marinade au vin rouge et demandons aux sociétés de chasse d'envisager l'indemnisation des dégâts... La loi le permet!
    Courage pour ce mauvais moment à passer!

  • #4

    françoismb (Monday, 26 September 2016 13:26)

    Quand on voit l'irrigation généralisée en Californie et le réchauffement climatique , ne pourrait on pas envisager d'autoriser une certaine forme d'irrigation dans le Sud de la France ?

  • #5

    Luc Charlier (Monday, 26 September 2016 18:13)

    A part pour les AOP, on a le droit d'irriguer. Mon problème à moi n'est pas un souci légal: où trouver l'eau, comment l'acheminer sur le coteau? La légende selon laquelle il faut "que la vigne souffre" est du pipeau. Bien sûr, elle ne doit pas être gorgée d'eau, mais une plante en stress hydrique majeur ne donne rien de bon.

  • #6

    Vincent Pousson (Tuesday, 27 September 2016 20:06)

    Ce que je n'arrive pas à comprendre, dans cette grande année à carignan, c'est comment on en est arrivé là. Car chacun sait que ce cépage est un chameau, de plus sur une vigne aussi vieille, il doit disposer d'un sytème racinaire capable d'aller chercher de l'eau à des dizaines de mètres de profondeur.
    Y-a-t-il eu une sortie, d'abord? Et si oui, qu'en est-il advenu?

  • #7

    Luc Charlier (Wednesday, 28 September 2016 10:56)

    "Grande année à carignan", voilà bien le problème. Qui a inventé cette sottise et sur quelle base, surtout au moment où tout le monde n'a pas encore fini de vendanger? Les carignans de plaine ou de piémont, "moyens" en qualité , vigoureux et d'ordinaire trop bien nourris, vont sans doute faire de belles choses vu les circonstances. Je pense que c'est sur cetta base-là que certains fondent leur appréciation et dans ce cas elle n'est pas fausse. En ce qui concerne des vieilles vignes, sénescentes soyons honnêtes, l'excès absolu de sécheresse finit par les mettre en stress hydrique. Le vignoble allemand a connu cela en 1990 et n'a été sauvé que par quelques orages à la mi-septembre. Ca, c'est sur un plan général. Pour "ma" vigne à moi, la situation est la suivante. Entre 1922 et 2006, elle n'a jamais été labourée, a été taillée "très légèrement", avec de nombreux pisse-vins et était désherbée + recevait de l'engrais chimique. Son rendement, même ainsi, tournait autour de 12 hl/ha. En 2006-07-08, on l'a griffée peu prodondément au chenillard, on est passé à de la fumure organique (guano + fumier de mouton, le tout déshydraté et en pellets) et on a arrêté le désherbant chimique. Même ainsi, le millésime, sec, de 2009 m'a donné moins de 9 hl/ha. En 2010-11-12-13: comportement normal. En 2014, mildiou et pas de vendange. En 2015, petite sortie (coulure) et gros appétit des sangliers (je suis isolé à 7 km du village, sans aucun voisin et en bout de piste forestière). Enfin, cette année, plus une goutte d'eau depuis novembre 2015 , où ce fut un petit pipi. Taille précoce (tout est relatif, début janvier) et sortie mini-mini avec à nouveau coulure, ou peut-être première génération d'eudémis, je n'en sais rien. Je ne traite pas et l'implantation empêche techniquement l'efficacité d'éventuelles féromones. Ensuite, le nombre de grappes a été restreint, bien entendu. Elles sont restées petites et les sangliers ont dévoré ce qui restait. Il n'y a donc pas de mystère, ni de catastrophe. En 2017, je retaillerai plus tard (pour retarder un peu la maturité et donc l'attractivité pour les porcidés (qui d'ordinaire évitent les tannins du carignan) et je mettrai un peu d'engrais (plus rien depuis 2009). Enfin, je la passerai rasibus à la débroussailleuse pour éviter toute concurrence. Mais je précise que cette vigne n'est pas "envahie" par les graminées, même si deux demi-journées de "propreté " de plus n'auraient pas été du luxe. Je ne peux pas TOUT faire et les temps ne permettent pas de payer de la main d'oeuvre externe, sous réserve que je trouve quelqu'un d'assez vaillant et soigneux pour lui confier ce genre de boulot. Voilà une réponse complète.