MON LEON, TU ES FOUTREMENT MOYENÂGEUX

 

 

 

 

 

 

Lors de mon "vrai" repas d'anniversaire,

je n'ai pas pris de photos moi-même.

Celle-ci: copyright Yves Van Laethem*.

 

 

 

 

 

 

 

 

Nous étions treize à table. La "Reine Christine" me le fait remarquer en aparté. Reine car nous avons envahi une vraie demeure historique. Son premier bâtisseur, Jean de Joyeuse, chambrier de François 1er, fit entamer sa construction vers 1540. Et c'est Vincent Nourrisson, et sa femme Isabelle, qui en sont à présent les rénovateurs et donc nos hébergeurs. Je leur adresse ce billet en guise de "lettre de château".

 

Je suis également conscient de l'inexactitude de mon titre, le plein seizième siècle n'appartenant plus au Moyen Âge, comme en attestent les fenêtres "Renaissance" donnant sur la belle cour d'honneur du château d'ailleurs.

 

Vous avez deviné qu'une large table nous fut réservée dans la salle d'apparat devenue la "Cour des Ducs". Je n'ai pas pu compter le nombre des mises en bouche qui ont suivi le crémant rosé (de Limoux bien sûr). Mais le carpaccio de langoustine en particulier m'a laissé un fort souvenir. Il est émincé de manière si fine et régulière qu'il constitue une lamelle uniforme, très savoureuse, comme un surimi de très haute qualité. Bravo pour l'idée au chef et aux petites mains qui n'ont pas laissé un seul éclat de doigt dans la trancheuse. 

 

Ensuite, ma mère ne supportant pas les mollusques, c'est de la chair de crabe qui servit d'argument à l'oeuf en "mimosa revisité". En fait le jaune repose sur un gâteau tissé de la chair et du blanc d'oeuf. On n'a pas "eu les mouillettes" en les trempant dans l'orangé vitellin.

 

Puis, Montferrier se situant moins loin que le Kamchatka, c'est un gravlaks de ses truites qui suivit. Enfin, grav"laks" est impropre même si l'idée subsiste; j'oserais gravforell. Et la laitance du salmonidé ariégeois, issu de la pisciculture organique, lui conféra la touche iodée pour répondre aux agrumes. Très beau plat, bombardé de légumes de saison à peine cuits en plus. Pourrait constituer une "signature" toute saison, Monsieur Guilhem.

 

Le plat de résistance, destiné à tenir tête à notre Roc Blanc (2011, il n'existera hélas à tout jamais qu'un seul millésime de ce fleuron de notre production) fit l'objet d'une valse-hésitation entre le châtelain et moi. Il m'a convaincu d'opter pour la déclinaison de charolais, un coeur de filet entouré d'autres morceaux de choix et de cèpes. J'ai laissé les gnocchi de côté, n'étant personnellement pas un acharné de cette "double portion" de féculents, amidon-flon-flon. Par contre, pas un seul atome ne subsista du reste sur mon assiette.

 

Fromages audois comme il se doit et ... immense gâteau d'anniversaire dont je me suis acquitté sans tressaillir de l'extinction des bougies.

Par contre, je lance un appel à témoin pour me fournir les pixels de ce temps fort de la célébration.

 

Merci à toute l'équipe de salle, qui fut l'impeccable relais des fourneaux.

Merci à tous ceux qui ont accompagné la mise en bière des 60 premières années de ma chienne de vie.

Merci à nos hôtes pour un repas "plus que plus-que-parfait"

et pour le traitement VIP (= vigneron imparfaitement programmé) dont nous avons joui.

Merci aux monuments historiques d'avoir conservé le joyau des Joyeuse.

Inoubliable.

 

 

*: IN MEMORIAM

    Hélas, au moment d'écrire ces lignes depuis le pavillon de La Franqui, je viens d'apprendre que Mamie (chez Yves) a quitté ce monde cette nuit de

    manière inopinée mais paisible, coup de foudre fatal dans un ciel serein. Elle avait à peu près l'âge de la mienne de mère, et bon pied bon oeil. Elle

    remontait fidèlement le mécanisme des toquantes d'Yves, jusqu'à ce que son propre ressort ne se brisât butalement.

    A Céline et à mon ami, j'adresse, ainsi que Christine, mes plus sincères condoléances. Je sais leur douleur mais celle-ci doit s'apaiser devant la fin de vie heureuse  

    qu'ils ont offerte, avec Carla, à l'adorable vieille dame. Je suis sûr que sa dernière séance de maquillage, ses derniers bijoux de fantaisie auront été autant de joies

    pour elle. Elle a vu grandir Jack et William, elle a vu la maison chaleureuse que Kevin a construite pour son foyer.

    Et elle a vu son fils comblé.

 

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