FILS D'ENFANTS UNIQUES

Paella, de plus loin que Valencia encore
Paella, de plus loin que Valencia encore

 

 

 

 

 

 

Mon père était fils unique.

Ma mère aussi, enfin, fille unique.

Je n'ai pas trop connu les

"fêtes de famille".

 

 

 

 

 

 

 

 

Pour être franc, cela ne me manque pas. Débarquant il y a plus de dix ans dans le sud, en plein pays catalan connu pour ses cercles fermés, j'ai été bien accueilli mais sans jamais devoir m'immerger dans les racines des familles.

 

Ensuite, le hasard de la vie, et les ... féromones, m'ont fait rencontrer des familles occitanes mélangées d'Italie et d'Espagne profonde. Eux, par contre, débordent de cette convivialité qu'on associe avec la Méditerranée. Au début, j'ai trouvé plein de prétextes, collant d'ailleurs souvent à la réalité, pour ne pas devoir me mêler aux agapes bruyantes et  surpeuplées. Tout cela a eu le temps de se décanter. 

 

Au fil des cérémonies, des mariages, des divorces, des accouchements, il ne reste à présent que la famille "proche" de Christine pour me convier encore. Proche, cela veut dire environ 50 personnes. Et miracle, on n'y trouve quasiment plus un seul emmerdeur. Enfin, si, en cherchant bien on peut encore faire son marché sur cette denrée rare. Mais je ne vous dirai pas à quel étal.

 

Dimanche dernier, le prétexte rêvé à ce type de festivité avait été trouvé: Cécé, c'est à dire Céline, passait queqlues jours en Europe. Qui ça? Céline est la fille aînée de Cathy, la soeur de Christine. Elle a une trentaine d'années et est belle comme le jour, avec une personnalité ... forte. Hôtesse de l'air dans une compagnie haut de gamme, elle parcourt le monde en mélangeant les obligations professionnelles sur lesquelles elle ne se fait pas trop d'illusions ni de cinéma, et les activités plus enrichissantes, en préservant totalement sa vie privée. On lui attribuait un contact parfois un peu difficile quand elle avait vingt ans. Actuellement, tous ses cousins et cousines l'adorent (dont les deux fllles de Christine) et les adultes plus âgés l'estiment beaucoup. Moi, je suis bien sûr sensible à son charme mais j'apprécie aussi une espèce d'indépendance qu'elle affiche. Elle ne "se la pète" pas du tout.

 

Eh bien, va donc pour la fête. Il ne faut pas vous expliquer combien Christine aime cela et elle est chagrine quand je ne l'accompagne pas, même si elle comprend mes réticences occasionnelles. En outre, son petit monde a assimilé le fait que je ne danse jamais et ne me relance pas sur le sujet. Notre Civale a tout le loisir de virevolter avec de meilleurs cavaliers si elle y tient. Elle en profite peu cependant.

 

Cette fois-ci, jouons au Léon Tolstoï; la réunion a mis en présence:

. le clan de Thierry (le frère) quasiment au complet: Justine, Clara et Maxime, plus la fille de Clara, le fils et la femme de Maxime et enfin Paqui, qui fut l'auteur de la paella - gigantesque, savoureuse, appétissante. Je vous mentirais en la déclarant "parfaite": une paella ne l'est jamais car il faut satisfaire l'eau et le feu présents chez les convives. En Espagne, on mange la viande fort cuite et on force sur le sel. Par contre, piment, safran, huile et autres condiments sont savamment dosés. En Italie, on préfère les pâtes et le riz plutôt un peu "durs", le poisson encore un peu moelleux au centre. Dans l'Hérault, on bouffe du pain avec tout. Et les Belges, ils sont convaincus que la cuisine du plat pays est la plus aboutie de la terre. Ils ont raison, bien entendu. En résumé, on m'a servi une énoooorme assiette, que j'ai fini jusqu'au dernier grain de riz, avec grand plaisir. Note: 17/20! Par contre, une petite portion de dessert m'a suffi ...

. le clan de Cathy (la soeur): Romain, sa femme et sa fille, Céline bien sûr, en solo. Et puis, Dédé, le conjoint de Cathy. Celui-ci nous a raconté une histoire d'inverseur de marche bloqué sur un bateau pour justifier une arrivée tardive, le nez rouge, le pantalon couvert d'embruns, le cheveux plaqué de sel marin et un tourbillon anisé lui tournoyant autour du chef ... Enfin, j'ai fait la connaissance de la soeur de la femme de Romain, et leur mère. 

. le clan Gleizes (famille du côté maternel): Séverine et Pierre, celui-ci ayant réussi à se ménager une escale. Lui, c'est sur les mers qu'il vogue, pas autour des émirats. 

. le clan de Christine: Nathalie et ... l'objet de tous les soins de Christine, son Titou, alias le Roman de notre cuvée de rosé. Ah, oui, j'étais là aussi. 

 

Ouf, voilà les personnages mis en place. Bon, il manquait quand même quelques éléments, soit parmi les cousines, soit parmi les conjoints. 

 

Première observation: ce petit monde travaille beaucoup, et dans plein de professions différentes. Deuxième observation, la politique continue d'occuper les esprits, mais en laissant totalement à l'arrière-plan les partis et leur absence d'idéologie réelle. Certains ont affiché en ma présence des conceptions sociétales assez proches des miennes, à ma grande surprise. D'autres, parmi les plus âgés, sont plus "libéraux" dans leurs convictions. Mais deux points communs sont ressortis de nos échanges, nombreux: 1) il n'est pas normal que tout tourne aussi mal alors que les ressources existent et des solutions pratiques sont envisageables. Une forme ou une autre de redistribution était sur toutes les lèvres. 2) la classe politique actuelle, dans son ensemble, et aussi la manière dont elle est formée (cette horreur qu'on appelle l'ENA en premier lieu) sont à rejeter en bloc.

 

On n'a pas parlé de télévision, de cinéma, de "pipol", de foot ni de rugby. A ma grande joie, une large partie de la fraction des "djeuns" considère que le vrai "ennemi" de l'Europe, et en tout cas notre adversaire le plus dangereux, ce sont les Etats-Unis.

 

Ils sont bien, ces petits! 

 

 

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Comments: 3
  • #1

    thierry.charlier@skynet.be (Sunday, 20 November 2016 11:12)

    Pas de chance, tu n'as qu'une cousine éloignée ! Elle doit avoir la soixantaine, maintenant ... Heureusement, elle a les ascenceurs à bâteaux (pour les péni...ches)

  • #2

    Lecteur #9 (Tuesday, 22 November 2016 13:45)

    Ils ont de la chance ces petits jeunes d'avoir une vision critique à travers la soupe médiatique qu'on nous sert. La machine propagandiste pro-système unique (there is no alternative) est vraiment puissante. Le net offre d'autres sources d'informations, alternatives et plus enrichissantes. Qui cherche trouve, celui qui reste devant sa tv subit...

  • #3

    Luc Charlier (Tuesday, 22 November 2016 15:27)

    Cher lecteur #9, quoique votre commentaire n'ait rien de gênant, si vous ne communiquez pas votre identité de manière suffisamment claire, je ferai disparaître votre intervention. Mon éthique ne se satisfait pas d'anonymat. Cela étant, je partage le sens de votre commentaire. Il se peut que vous soyez la neuvième personne citée dans mon texte ou whatever, mais je n'ai pas de goût pour les devinettes.