QUELQUES REFLEXIONS BITERROISES SUR LE MODE BITTER

Cliché pris aux Halles le 31 décembre 2014
Cliché pris aux Halles le 31 décembre 2014

 

 

 

 

 

 

 

Nous étions à Béziers ce samedi,

par un temps similaire.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

J'ai mis les pieds à Béziers pour la première fois il y a (bien) plus de 15 ans. Johan et Loïc profitaient de quelques jours de vacances avec leur mère, "Boma" et les chiens dans l'arrière pays de Valras. Nous avons passé deux ou trois heures aux environs des allées Riquet et de la cathédrale, avant de revenir le soir à la Feria. Vous en déduisez que c'était autour du 15 août. J'en garde un souvenir de nuit chaude, de sud, de joie mais aussi d'une grosse disparité socio-culturelle: des touristes en goguette, des citoyens "normaux' assez chaleureux et un peu "bourge" et puis une masse interlope, souvent bronzée et parsemée de colporteurs de substances plus ou moins licites, déjà. Voilà bien une description qui passera pour plus ou moins politiquement incorrecte auprès de mes lecteurs de la "bonne gauche". Je m'en fous, je décris ici des impressions et ils leurs ajouteront la connotation socio-politique qu'ils veulent.

 

La fois suivante, je n'étais pas encore installé dans le sud , ni notre chèvrière d'ailleurs, et nous avions profité d'une excursion de scouting commune pour arpenter la ville. Les allées Riquet, sans la fancy-fair cette fois, offraient la vision d'un dépotoir urbain, un peu comme le "piétonnier" de Monsieur Mayeur à BXL.

 

J'ai refait l'expérience plusieurs fois, avec Christine cette fois, alors que pour elle, Béziers était restée dans son souvenir comme une sorte de métropole de son adolescence, riche des feux des belles résidences patriciennes et des magasins en tout genre. Pourtant, chaque nouveau passage offrait le spectacle d'un délabrement grandissant: tags, ordures, zombies blèmes, blaffards et blancs vous croisant en permanence.

 

A l'hiver 2014, l'aspect extérieur du centre ville avait changé. 

Samedi, cette impression se confirme.

 

Les deux fois, nous avons tenté d'interroger les commerçants  (restaurateurs et boutiquiers en général): ils sentaient un mieux et avaient l'impression d'un certain renouveau.

 

Je devrais être content. Pas vraiment: d'abord, nos impressions reflétaient la période de l'Avent, peut-être un peu optimiste et encline à l'engouement. Ensuite, nos "sondés" ne représentent sans doute qu'une partie marginale de la population locale.

 

Mais surtout, nous sommes forcés de constater qu'un semblant d'ordre public modifie totalement la perception des choses. La voirie est entretenue, les dégradations du mobilier urbain sont effacées ou réparées - je ne crois pas qu'elles ont disparu - les poubelles sont ramassées. 

 

Qu'est-ce qui a changé? Je ne pense pas que la situation économique ait évolué de manière favorable en si peu de temps. Mais l'aspect extérieur de la crasse, du laisser-aller et d'une petite délinquance a été gommé. Et comment? Par l'apparition d'affiches annonçant que le meilleur ami de la police, c'est un calibre (sic) et par des mouvements de manche et des gesticulations d'un maire d'extrême droite, suffisamment hypocrite et habile pour se faire soutenir par ce clan sans en prendre officiellement l'étiquette. Il reste ainsi fréquentable pour la bourgeoisie aisée mais démocrate (elle existe) mais obtient le soutien des partisans de la bête immonde. Et les progressistes - dont je fais partie - sont mal à l'aise.

 

Pourtant, et une fois encore la "bonne gauche" bien pensante ne partage pas cet avis, officiellement, il est tellement évident qu'on ne peut pas faire l'économie de l'ordre public. Il faut que les citoyens se sentent en sécurité, il faut que les femmes puissent s'habiller court sans recevoir des crachats au passage, il faut que les sacs à main aient une chance de rester au bras des personnes âgées, il faut que les rideaux des devantures, une fois baissés, ne se retrouvent pas immédiatement couverts d'insanités ou de "pseudo-art". Quel imbécile il fut, ce Jack Lang, mais cela on le sait tous et depuis lontemps.

 

Souhaiter un minimum de calme dans les rues, même dans le sud, limiter la visibilité de la petite délinquance, donner l'apparence d'un état de droit (et donc d'ordre relatif), améliore notre perception d'une ville et favorise, peut-être, le souhait d'entreprendre, de dépenser, de sortir, de communiquer; d'échanger, de se mélanger, de vivre donc.

 

Et si c'était ça, mon compte de Noël? 

 

 

 

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Comments: 2
  • #1

    marc D (Monday, 19 December 2016 10:46)

    Etonnant, car parmi les préoccupations premières d'une politique de gauche se trouve la sécurité au sens le plus large de la protection des plus défavorisés (la santé ou la subistence décente ne peuvent se dissocier de la sécurité environnementale). C'est la justice sociale.
    Et c'est choquant que ce soit la bête immonde qui l'applique pour d'autres motifs.
    Je comprends les électeurs qui ne comprennent plus rien et la dévalorisation extrême des partis politiques.

  • #2

    Charlier (Monday, 19 December 2016 15:29)

    Oui Marc. La sécurité du public est à mon avis une des obligations premières d'un état de droit. Et si cela passe par une présence et/ou une compétence accrue des forces de l'ordre, cela ne me gêne nullement. Il faut bien entendu que celles-ci agissent en toute transparence et ne sortent pas de leur mission. Les forces de "police" ne doivent pas se confondre avec des agents de renseignement (nécessaires aussi mais beaucoup plus délicats à contrôler). Mais l'ordre public, c'est aussi le maintien en état du mobilier urbain et la protection des bâtiments contre les dégradations. Il n'y a rien de "fachisant" à cela. A la limite, même les caméras de surveillance ne me dérangent pas ... sauf si elles servent à surveiller non pas un endroit, mais bien les allées et venues de citoyens en particulier. Si on empêche ainsi ponctuellement "Paul" de tout casser, c''est OK. Si on fiche systématiquement le même Paul, ça coince. Ou alors, il faut qu'un juge autorise la filature de Paul, sur base de reproches précis et documentés. Je ne dis pas qu'il n'y aura jamais de débordements, mais ce risque peut être pris, me semble-t-il.
    A Grenoble, le seul restaurant étoilé intra muros envisageait de cesser ses activités après l'installation d'un piétonnier par la mairie écolo. Sa fréquentation avait subitement cessé le soir car, les taxis ne pouvant plus accéder à son entrée, une part importante de sa clientèle craignait (à tort ou à raison) de se faire attaquer en arrivant ou en quittant les lieux. En même temps que l'interdiction des voitures, il aurait fallu instaurer une protection civile efficace. Il ne s'agit pas de pelotons de para-commandos, mais sans doute de quelques rondes avec chien permettant d'éloigner (contrôler d'abord, avertir ensuite et éventuellement appréhender enfin) les fauteurs de troubles. Ou alors on part du principe que "on n'a qu'à pas" porter une belle montre, un manteau en cuir ou des chaussures de qualité quand on circule en ville. Ce n'est pas ma vision. A contrario, la barre d'appartement "Belles Challes" aux Arcs 1800, était devenue inviable pour ses occupants suite au tapage nocturne engendré par des hordes de Danois ou de Britanniques logés là pendant les semaines creuses et venus pour s'ennivrer et collectionner les partenaires sexuels, plutôt que de skier. En soi, ils font ce qu'ils veulent, sauf que leurs beuveries se déroulaient toute la nuit dans les corridors du bâtiment. Après plusieurs saisons d'horreur, la mise en place d'un vigile (même pas un keuf) non armé a réglé le problème. Le vrai fachisme, c'est qu'un tour operator puisse librement acheminer des milliers de sales gosses mal élevés qui empoisonnent les vacances des autres locataires. Ce n'est pas d'y mettre bon ordre.