FAHRENHEIT 212

Ciel, quel canon, ce village ! (Copyright Alison Bertram Russell)
Ciel, quel canon, ce village ! (Copyright Alison Bertram Russell)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Alors que le - tout- petit peuple de gauche

s'apprêtait à aller exprimer sa préférence,

mes deux compagnes de marche et moi

allions nous égarer sur le causse tarnais.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Depuis mon retour, ma calebasse pleine d'eau - ne suis-je pas un "vrai con" comme l'atteste un confrère? - est en ébullition.

J'ai lu et entendu Alexandre Jardin, qui a jeté plus d'une pierre dans le mien. Je découvre le programme - c'en est un - de Benoît Hamon, en point d'orgue (fun!). Je me rends compte qu'un mormon conseille un candidat majeur à l'élection présidentielle. Et on n'entend guère Madame Lepen, que je me refuse à appeler par son prénom. 

 

Il me semble qu'on est en train de s'intéresser à nouveau à la politique, au moment-même où je m'en détourne, à ma grande honte. Rassurez-vous, je ne vous ferai pas une indécente confession publique, Léon n'est ni Zinoviev ni Kamenev, et je ne vais pas pondre un article engagé.

 

Simplement, une porte bien ouverte devrait être enfoncée une fois de plus.

 

Nous sommes en plein dans la saison des truffes ... et c'est si bon.

Nous sommes aussi en pleine saison de grand froid, et c'est si pénible pour ceux qui couchent dehors.

Pourtant, hier après-midi, après avoir acheté deux kilos de pain bio - délicieux - dans une boulangerie de Narbonne, je n'ai pas filé la pièce à la main tendue qui attendait à l'extérieur du magasin. Et le fait que le propriétaire (tiens, tiens) de cette main machouillait un gros sandwich fourré, avait déposé son sac à dos de marque sur le pas de la porte, était habillé chaudement et portait passe-montagne, et surtout qu'il flattait l'encolure de ses deux chiens non faméliques n'enlève rien à l'affaire.

 

Nous sommes tous les mêmes, mais certains sont plus les mêmes que d'autres. Voyez plutôt.

 

J'ai jadis eu comme patiente l'épouse d'un grand chef parisien, dans un hôpital public. Il pouvait à tout moment me réserver une table dans l'établissement qui l'employait, m'a-t-il assuré. Il ne pouvait par contre pas payer l'addition à ma place. Pas d'expérience donc. C'est dommage et c'est bien ainsi également. Inversément, sur la cassette de ma grand-mère - présente elle aussi en ces périodes fastes - pourtant modeste institutrice de primaire à la retraite, j'ai été m'asseoir chez Lasserre, Drouant, au Grand Véfour et à la Tour d'Argent, parmi d'autres. 

 

En France, je pense que mes vins sont plus vendus dans des restaurants étoilés que dans d'autres établissements. Parmi ces clients, il n'y en a que peu où nous ne sommes pas encore allés nous asseoir, et c'est chaque fois par plaisir autant que par gratitude professionnelle. Pourtant, je n'ai jamais eu l'impression d'avoir commis une injustice en payant l'addition, ou en la faisant régler par ma trésorière favorite. C'est donc une affaire d'ordre de grandeur, de ... limite.

 

Le restaurant prestigieux dont je vous parle possède une cave extraordinaire, sur laquelle règne un sommelier charmant et expert, avec qui nous avons eu plusieurs contacts, même si nos vins n'ont pas encore pu être retenus, ni même dégustés. Actuellement, cet établissement propose un "menu truffe" accompagné de vins époustouflants, tous du même producteur.

Il vous en coûtera ... 400 euros moins une petite pièce de deux euros. 

 

Un des candidats à l'investiture d'un parti que ne se réclame pas de la droite - chacun son appréciation - défend, lui, l'attribution de cette allocation universelle, d'une étendue et dans des conditions à définir. Ce n'est pas mon sujet. Il situe son montant un peu au-delà de 600 euros par mois, voilà ce qui est important.

 

Quatre cents euros pour un seul menu chez les uns, six cents euros pour vivre tout un mois chez les "sans dents"!

 

A méditer.

 

 

 

PS: De grâce, ne me faites pas le coup de : "Oui, mais cela fait vivre tant de personnes etc ...". 

       Je sais cela aussi. Ce n'est pas le luxe que je condamne. C'est le fait que tous les luxes finissent chez les mêmes

       bénéficiaires. Il faudrait, ET C'EST ENVISAGEABLE, que chacun ait sa petite part de luxe, et chacun sa part d'accablement.

       Le maître mot: re-dis-tri-bu-tion.

 

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Comments: 4
  • #1

    thierry.charlier (Tuesday, 24 January 2017 08:47)

    DrouanT

  • #2

    thierry charlier (Tuesday, 24 January 2017 08:50)

    Le menu "truffes" avec les St Joseph était très tentant et j'aurais bien aimé tremper mes lèvres dans le vin de paille ...

  • #3

    thierry charlier (Tuesday, 24 January 2017 08:52)

    Euh, c'était pas des St Joseph, mais des Hermitage !

  • #4

    Luc Charlier (Tuesday, 24 January 2017 09:23)

    Intitulé du restaurant corrigé, merci. Mais c'est bien là qu'on décerne le prix ... Goncour!!!!!
    Le vin de paille n'est pas servi aux péquenots, rien qu'aux journaleux. Et je ne sais pas si Chave produit du St Jo blanc (peut-être que oui).