AU PIC SAINT-LOUP, VINGT ANS PLUS TARD

Une "Grande Cuvée" très différente, alors
Une "Grande Cuvée" très différente, alors

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Il était une fois ... au Pic Saint-Loup

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

C'est Xavier Erken (le Vin Passion) qui m'a vendu cette bouteille. Il se fournissait en commun avec TGVins, je crois. C'est chez lui, au cours de Portes Ouvertes, que j'avais rencontré Jean Orliac, dont la renommée naissait.  

 

A l'été 1995, avec les fils et Virginie, nous avions fait halte dans une improbable auberge perdue au milieu de la garrigue, où la piscine servait d'abreuvoir à des myriades de guêpes assoiffées. Plus loin, une discothèque arrivait malgré son isolement (et son isolation?) à faire passer la sono au travers de ses murs de pierre. Actuellement, tous ces bâtiments ont changé de standing et ont été intégrés dans le domaine de Cazeneuve, je crois. 

 

Nous avions rendu visite à Jean Orliac, ingénieur agronome, il me semble, dans sa maison en bois encore en phase d'achèvement. Il avait lui-même été charmé par les lieux dans les années '70. On ne parlait pas encore trop du renouveau du vignoble du Languedoc et la zone était le domaine réservé des pâtres. Je crois que notre homme y faisait un peu d'alpinisme. Bon, il y a quand même du vigneron parmi ses aïeux. 

 

Actuellement, les "Vignobles Orliac" sont devenus un concept qu'on ne présente plus, regroupant une soixantaine d'hectares de vignes sur cette zone mais aussi un peu plus loin, dans les Terrasses du  Larzac. Au moins trois des membres de la génération suivante ont rejoint l'exploitation, chacun avec des compétences et un rôle propres. Et on achète aussi du raisin aux vignerons des alentours. Une certaine similitude existe avec la famille des frères Parcé, où règne une ambiance de clan dédié à la vigne, avec une forte influence mystique et spirituelle, proche de la nature des choses.

 

Mais chez les Orliac, si on applique des méthodes très proches du "organic farming", on ne court pas après les certifications et on ne se réclame pas de Steiner. Cela me convient entièrement. Moi, vous le savez, athée par tradition familale et encore plus par conviction personnelle, je me sens très éloigné du sacré - que je respecte néanmoins - et plus encore de tout ce qui ressemble à de l'ésotérisme. Cette dernière tendance me paraît toujours suspecte, dérivant sur les sectes et l'endoctrinement, avec une négation du rationnel, de l'expérimental et du logique auxquels je suis tellement attaché. 

 

Actuellement, la "Grande Cuvée" représente la partie la plus mûre des vignes du Pic Saint-Loup, à dominante de syrah.

Au temps dont je vous parle, il y avait la "classique", avec beaucoup de grenache dans l'assemblage, et la "grande", qui faisait la part belle au mourvèdre, je crois. Mais c'était des "GSM" (grenache-syrah-mourvèdre)  dans la grande tradition des Languedoc d'alors. 

 

Hier, faisant mes courses comme Désiré faisait son chemin, sans reconnaître d'amis dans le besoin, j'ai jeté mon dévolu sur un pavé de Charolais (tende de tranche paraît-il*) et conçu l'idée folle, à l'instar du Charlemagne de Sheila, de préparer une fondue pour le retour de Christine. En effet, le lundi, comme le mercredi, est dédié à Roman pour elle. Les odeurs d'huile de pépins de raisin qui envahissent la maisonnée jusqu'au lendemain matin nous font hésiter, mais ce plat me plaît, par ses saveurs et sa convivialité. Et le vin de Jean Orliac, dans le millésime 1994, fut de la partie, après un bref carafage. Ce qui reste dans le hannap vous montre que la bouteille m'a entièrement satisfait. Le bouchon, par un fait rarissime, était resté parfait, dense, clair, sans remontage de vin à la périphérie et la robe est dès lors foncée, pourpre. Au nez, pas de "vieille cave" mais un bouquet de vin évolué, suave, avec du cuir, du chocolat, de la torréfaction et de l'écorce d'orange. La bouche est pleine, sans creux et de très bonne longueur. Les tannins sont feutrés. Un véritable bonheur.

 

 

Voilà un "vin du sud" prêt à boire comme je les aime.

 

 

*: - la "tende de tranche" (venant de tendre) est un mot générique pour une pièce de boucherie à la face interne de la cuisse, qui regroupe en fait un faisceau de six muscles: tranche et dessous de tranche, poire et merlan, araignée et fausse araignée.

- pour les puristes, le côté bleuté de la capsule en étain est un artéfact lié à l'algorithme que j'ai retenu pour faire le cliché sans éclairage d'appoint. Elle est bien noire de chez noir, en vrai. 

 

 

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Comments: 1
  • #1

    Michel (Monday, 13 March 2017 11:58)

    Il me semble que ton verre, à côté du flacon vide, est de plus en plus grand ...