Je peux parfois vous
entretenir d'autre chose
que des travers de la politique,
des hommes politiques et
de notre société matérialiste
et mercantile.
Tiens, l'Atlantique Nord, par exemple. Bon d'accord, il existe de la pollution dans cette mer-là aussi. Mais si je ne devais évoquer que des zones non polluées, mon blog resterait souvent vide. J'allais écrire muet mais - allez savoir pourquoi ? - je n'ai pas trouvé ce terme adéquat; pas assez parlant, je suppose.
Vendredi soir, jour du poisson, Christine est rentrée tard au bercail. C'est que, si le dimanche, c'est jour de mariage à Bamako, avant-hier, c'était jour de départ des locataires à La Franqui. Et vas-y que je plie bagages, et vas-y que je fais le ménage, et vas-y que des fourmis il faut faire un carnage. Vous avez remarqué comme les touristes attirent les fourmis? Stromae l'a très bien illustré, d'ailleurs: "Formicables, ils étaient formicables ....". En fait, je pense que les touristes laissent trop de déchets. Ils laissent aussi un petit chèque, on ne peut pas tout vouloir et son contraire aussi. Peut-être est-ce cela que les indigènes de cette zone-ci de la Méditerranée n'ont pas intégré? Si on veut l'argent des touristes, qu'ils soient de la famille d'une crèmière ou non, il faut offrir quelque chose en échange, nettoyer leurs fourmis, par exemple. Zut alors, j'émets de nouveau un commentaire à nature politique. C'est grave, je ne peux pas m'en empêcher.
Or donc, Christine rentre tard, les fourmis etc ... Et le frigo est vide, désespérément vide. Sa vacuité m'espante. On va manger en ville ...
Comme une des raisons au "vide" du frigo est une relative impécuniosité, nous ne nous rendons dans la restauration que dans trois cas de figure: (i) lorsque des âmes charitables nous invitent (oh !) - là, je redeviens journaliste -, (ii) s'il s'agit d'endroits abordables ET bons (ça existe) ou (iii) chez des restaurateurs qui sont nos clients, pour les remercier de leur confiance. Ces derniers sont rarement bon marché, mais ils sont presque constamment excellents, ça compense.
A Perpignan, je fréquente assidument un restaurant asiatique (cambodgio-laotio-viet je crois) et son voisin pizzaiolo, plus un sahib originaire du Punjab - Bismillah ! - de l'autre côté du pont. Mais bon, le massala, l'origan et les demoiselles du Mékong, à la longue, ça lasse. Sinon, deux très belles tables mettent nos vins à la carte. Hélas, l'une profite pour l'instant de ses congés annuels, et ils ne nous ont pas laissé les clés du garde-manger; et l'autre ... avait encore quelques tables de libres, mais plus assez d'approvisionnements pour satisfaire ma goinfrerie légendaire. Donc, kinnekloppen, en néerlandais. Cette expression traduit le geste qui consiste à se frapper deux fois la pointe du menton avec les trois doigts repliés qui constituent la partie médiane d'un poing fermé. Le français, moins poétique que la langue de Vondel, préfère: "Tu l'as dans l'cul !".
Je ne vous dirai pas où je suis allé me fournir, mais je vous dévoilerai quand même un indice "prégnant" comme on dit maintenant (?????): il était pas loin de neuf heures du soir.
Le résultat apparaît à vos yeux ébahis: une purée (pas fine comme une mousseline) de pdt nouvelles (épicier du coin, provision disponible) mêlée d'une aubergine (cuite ensemble) épépinée, qui recoît en offrande un segment de dos de cabillaud de l'Atlantique Nord (frais, ou en tout cas jamais congelé) brièvement poché et donc resté ferme et onctueux à la fois, et une fine tranche de Schwarzwaldschinken apportant son sel et son fumé appuyé. Bien sûr, mon finishing touch: le persil plat. Je suis excessivement pétrosilinophile, on pourrait même dire pétrosilinomane.
Christine confirmera que cette préparation, simple mais savoureuse, glissa très naturellement vers des zones plus à l'ombre de notre anatomie (et même au-delà à présent je pense ) et que la bouteille de Cuvée Civale 2014 lui alla comme un gant.
Nous affirmons d'aileurs souvent à table: "alla est gant".
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