TRIBULATIONS D'UN WEMMELOIS EN ISLANDE







 Je n'ai pas le sens de la famille.

Sans aller jusqu'à approuver Gide

dans son célèbre anathème.








Mais j'ai la chance d'avoir un frère qui est aussi un ami.


Ma mère était fille unique et mon père était fils unique. On peut donc affirmer sans risque qu'ils étaient des enfants uniques.

Donc, pas d'oncle ni de tante et aucun cousin germain. Mais j'ai un frère, le Thierry de ce blog. Et nous nous entendons bien.


Nous avons été élevés séparément, au moins jusqu'à la fin de l'école primaire: lui par la concierge/cuisinière de la famille, Emilienne, à qui il était resté très attaché; et moi par ma grand-mère, une excellente cuisinière aussi, à qui je dois une partie de mes qualités et l'entièreté de mes défauts. A vous de faire pencher la balance.


Ensuite, pendant l'équivalent du collège français ou des humanités inférieures en Belgique, nous avons partagé la même chambre. Cela fut un pugilat perpétuel: j'étais un peu plus âgé mais lui plus costaud. Balle au centre au moment où on lui donna - dans une annexe - une chambre à lui. Il devait toutefois traverser celle de mes parents pour y accéder, pas génial pour les entourloupes des ados. En fait nous avons été des "gosses de riches" élevés comme des gosses de pauvres. Ce n'est peut-être pas plus mal.


Ensuite, pendant la fac, on s'est énormément côtoyés et nos amies /compagnes / puis femmes s'entendaient bien entre elles, successivement en ce qui concerne les miennes ! 


Mon frère monte beaucoup à cheval. Il en a possédé plusieurs, d'autant que sa qualité de vétérinaire lui procure certains avantages ... sauf en cas de chute car la protection des hommes de l'art n'est pas meilleure en la matière. Comme tout bon cavalier, il est tombé souvent, et continue de le faire avec assiduité et enthousiasme. Je ne parlerai tout de même pas de panache, ce serait ... cavalier.


Tous ses enfants sont des écuyers confirmés, son fils aîné ayant même fait l'école de cavalerie de Bilzen  - que Loïc désignait par "école de chevalerie" quand son français laissait encore un peu à désirer, la langue de l'école ayant pris le pas sur celle parlée avec sa mère. Et sa fille aînée vit avec un cavalier et dresseur de chevaux professionnel.


Nous avons monté, puis été moniteurs, de nombreuses années dans un camp de chevaux islandais situé dans le Gelderland, Edda Huzid (la maison d'Edda). Edda a été la première jument islandaise à mettre bas en Hollande (1958) et son produit Skuggi, était ma monture favorite. J'en ai été amoureux comme d'une femme ... avec moins de pénétration peut-être (oh !). 


Lorsque j'eus eu 16-17 ans, par-là, et obtenu de bons résultats scolaires - nous devions tous deux par obligation être premiers de classe sous peine de sérieux ennuis à la maison - on nous a offert un voyage en Islande. Mais je n'ai pas voulu satisfaire à la dernière exigence: celle du coiffeur imposé. Et le voyage a été supprimé. C'est vraiment con, un parent. Un ado aussi, mais lui c'est dans l'ordre des choses et on peut espérer un progrès. Hélas pour moi, rien n'a changé et je suis à présent un VIEUX con.


Thierry a depuis lors régulièrement assouvi cette passion et il file en Islande dès que la banque le lui permet. Il y fait de longues randonnées à cheval et ma mère l'a même accompagné, à 85 ans. Je vous rassure, elle suit dans le camion tout terrain qui sert de voiture-balai et rejoint les étapes avec le bagage et la nourriture.


Typiquement, leur troupe compte 12 participants chevronnés, un accompagnateur local et une horde de 50 chevaux environ, car tout le monde change de monture à intervalle régulier. On parcourt ainsi 80 km au cours de certaines journées.


Il faudra bien que j'arrive à l'accompagner un jour, mais il y a à cela deux conditions indépendantes: trouver le financement et trouver le moyen de perdre 15 kilos. En attendant, je lis avec assiduité la littérature islandaise moderne, qu'on commence à publier dans d'excellentes traductions françaises. 


Ici, vous voyez mon frère arriver dans la bourgade de Borgarfjordur où se tient le rassemblement annuel "Braedslan", cum festival. Il monte Grikkur et leur gang descend sur la ville, façon western. Cela ne surprend personne en Islande.


Bon tölt, Thierry! 


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