MES NOCES DE CORAIL AVEC CORNEILLA

11, rue de l'Eglise
11, rue de l'Eglise

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le 13 juillet 2005,

je signais l'acte qui 

me faisait propriétaire

de ce "taudis" *.

 

(*: X. Erken dixit)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cela remue pas mal de souvenirs, bons pour la plupart.

 

Aujourd'hui - cela m'arrive de temps à autre - ma thermorégulation passe de frissons intenses avec sensation de froid à des épisodes de sudation et un sentiment de fièvre, non objectivable. En même temps, mes bras pèsent des tonnes, j'ai le souffle court et un petit bronchospasme. Enfin, une toux peu productive me harcèle. Je mets cela sur le compte du CMV qui m'habite de manière chronique et ... cela passe. 

 

Autour de moi, on pense que c'est de l'angoisse. Il se fait que ce sentiment - j'ai toujours été un anxieux devant l'inconnu et devant des événements proches représentant un challenge dont je ne maîtrisais pas tous les paramètres: compétition sportive, départ pour une longue route en voiture, examen scolaire ou académique ... - ne m'habitait que rarement auparavant, et était de courte durée. Ici, la confrontation avec les aléas de la nature, d'une part, mais surtout les difficultés économiques récurrentes, l'ont rendu permanent, comme une toile de fond à mon existence. Je m'en passerais bien et c'est le grand point négatif de ma nouvelle existence.

 

L'autre difficulté majeure consiste à m'adapter à la France. Entendez-moi bien, quand je dis la "France", il ne s'agit pas du pays et de son paysage - splendide - et il ne s'agit pas non plus des gens pris individuellement. Ma foi, ils sont ce qu'ils sont et moi aussi. On connaît la petite arrogance des hexagonaux et le côté un peu bourru des Catalans. Tout cela était prévisible, prévu et reste facilement gérable. Non, le drame c'est l'état français, ses injustices, sa désorganisation, son absolutisme, ses aberrations. Si j'en avais pris la pleine conscience auparavant, je crois que je ne me serais pas installé. Je peux dire à présent que je ne recommencerais pas. Pas ici en tout cas.

 

Après, le plaisir d'avoir quitté un monde - celui de l'industrie pharmaceutique et de la médecine-business - qui n'était pas en accord avec ma nature profonde reste immense.

 

La satisfaction de faire quelque chose de mes dix doigts - un peu frustrés depuis deux ans car les tâches administratives pour lesquelles je suis peu doué m'accaparent beaucoup - et de voir assez vite le fruit de mon travail est réelle.

 

Et les flatteries de mon ego. Surtout cela.

Je n'ai aucun talent artistique et, sans être maladroit à proprement parler, je n'ai pas "de l'or dans les pattes" ni "le compas dans l'oeil". Par contre, le niveau de qualité où notre vin est arrivé, dès le début, a été une grande joie pour moi. Je ne m'attendais pas à ce qu'il soit si vite conforme à mes souhaits ... et apprécié par les autres également.

 

Au niveau personnel, je reçois assez bien de visite et, surtout au début, mes enfants ont passé beaucoup de temps avec moi. Virginie est à nouveau dans les parages pour deux mois cet été. En outre, même si elle n'est pas exactement originaire d'ici, l'intégration de Christine dans le tissu local, et la connaissance qu'elle a de la région, ont certainement facilité mon établissement. Je n'ai pas développé de nombreuses relations profondes - quelques-unes néanmoins - et elle non plus. Mais les proches que nous avons nous suffisent. Je pense que Christine préfèrerait vivre un peu plus loin, dans un endroit plus champêtre et plus isolé, plus paisible encore. Nous garderions bien sûr le centre de l'activité professionnelle ici, mais aurions un pied-à-terre plus sauvage. Cela fait partie des plans.

 

En fait, je serais plutôt un solitaire, même si une certaine dose de vie sociale ne me dérange pas. Quand je reviens de mes voyages réitérés vers la Belgique, durant lesquels je vois beaucoup de monde, je suis très heureux de disposer à nouveau d'un peu de paix. Je suis fatigué de la "foule". 

 

Donc, pour reprendre la phrase de Xavier Erken alors qu'il me rendait visite pour la première fois, anno 2006 je crois: "Je ne te comprends pas tout à fait, Luc. Il y a peu, tu vivais dans une belle villa à Wemmel avec un jardin. Et à présent tu habites un taudis où il n'y a même pas une terrasse". Il y a un peu de vrai: le standing de mon logement n'est pas époustouflant. Toutefois, le confort minimum y existe et il y fait propre. Et je dispose de 10 hectares de jardin, plus qu'il ne m'en faut en fait. 

 

Ce petit sacrifice ne me pèse pas et il disparaîtrait totalement

dès lors que mon activité suffirait à assurer un minimum de bien-être au quotidien.

C'est à cela que nous tendons, progressivement.

 

 

 

 

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Comments: 2
  • #1

    Michel I (Friday, 23 September 2016 23:53)

    Dire que j'avais raté ce magnifique billet. Le coeur sur le clavier.
    You'll never walk alone.
    M

  • #2

    Luc Charlier (Saturday, 24 September 2016 09:45)

    Thanks, Michel.